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INAUGURATION DU PONT SALVADOR-ALLENDE À NARROSSE |
« Je me souviens de ce matin de poudre et de sang, ce maudit 11 septembre 1973 où commence pour nous la mort, l'exil et la solitude. Jusqu'au moment du coup d'État, je n'étais qu'une simple sympathisante de gauche, issue du milieu lycéen. Mais ce mardi a déterminé à jamais mon engagement pour la justice et la liberté. »
L'amour, puis le drame
avec parfois des sanglots dans la voix, le silence devient poignant. Chacun a conscience de vivre un moment rare. « Ce jour-là, je n'avais pas cours et j'étais restée à la maison. Lorsque j'ai ouvert la fenêtre de ma chambre, j'ai vu mon père dans le jardin, assis comme quelqu'un qui souffre. Un poste de radio à la main, il m'a dit de ne pas bouger et d'écouter «El Chicho», le nom affectueux que nous donnions à notre président. “Il va s'adresser à nous, et c'est peut-être la dernière fois”. » Désobéissant aux consignes données par son père, Yazmin intègre le mouvement de la gauche révolutionnaire. C'est là qu'elle fait la connaissance de celui qui deviendra son mari. « J'avais souvent des contacts avec le même camarade. C'est quelqu'un qui me troublait. J'aimais un peu trop son regard, ses mains, ses longs cheveux, son humour. Ma vie devenait un volcan en pleine ébullition. J'étais une militante passionnée et voilà que maintenant j'étais une jeune fille follement amoureuse ! Nous nous sommes mariés le 6 octobre 1975, mais un mois et demi plus tard, la police secrète de Pinochet a arrêté Humberto. »

Tendre la main

Philippe Malizard, le sous-préfet de Dax, évoque les 11 septembre de l'histoire. Celui de 1973 bien sûr, celui de 2001, mais aussi ceux de la naissance de Ronsard et de Bachar el-Assad. La cérémonie prend fin. L'heure est à la révélation de la plaque du pont que les automobilistes ont découvert dès hier matin.
Merry Chivot