samedi 10 septembre 2011

SALVADOR ALLENDE : EXTRAITS DU DISCOURS PRONONCÉ DEVANT L'ONU LE 4 DÉCEMBRE 1972

« DISCOURS DE SALVADOR ALLENDE À L'ONU EN 1972 » 
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    Je viens du Chili, un petit pays, mais dans lequel tout citoyen peut s'exprimer librement, un pays d'une tolérance illimitée sur les plans culturel, religieux et idéologique, où la discrimination ratiale n'a pas sa place. Un pays avec une classe ouvrière unie en une seule organisation syndicale, où le suffrage universel et secret est le véhicule primordial d'un régime multipartiste, avec un parlement dont les activités n'ont jamais été interrompues depuis sa création il y a 160 ans, où les tribunaux sont indépendants de l'Exécutif, et où, depuis 1833, on n'a changé qu'une fois la constitution, sans que celle-ci n'ait jamais cessé d'être appliquée. Un pays où la vie publique est organisée en institutions civiles, qui comporte des forces armées professionnelles et dont l'esprit est profondément démocratique. Un pays de près de 10 millions d'habitants qui en une génération a produit deux prix Nobel de littérature: Gabriela Mistral et Pablo Neruda, tous deux fils de modestes travailleurs. Dans ma patrie, l'histoire, la terre et l'homme se fondent dans un seul grand sentiment national.

    Mais le Chili est aussi un pays dont l'économie arriérée a été soumise et aliénée à des entreprises capitalistes étrangères, un pays qui a été conduit vers une dette extérieure supérieure à 4 millions de dollars, dont le remboursement annuel revient à plus du 30% de la valeur de ses exportations; un pays dont l'économie est extrêmement sensible face à la conjoncture extérieure, chroniquement ésoufflée et inflationnaire, où des millions de personnes ont été obligées de vivre dans des conditions d'exploitation et de misère, de subir des licenciements ouverts ou déguisés. Je viens ici, aujourd'hui, parce que mon pays rencontre des problèmes qui, par leur dimension universelle, sont l'objet de l'attention permanente de cette assemblée: la lutte pour la libération sociale, l'effort pour le bien-être et le progrès intellectuel, la défense des individus et de la dignité des nations. Jusqu'il y a peu, la perspective de ma patrie, comme celle de nombre d'autres pays du Tiers Monde, était le modèle d'une modernisation-éclair, modèle dont certaines études techniques aussi bien que la réalité tragique des faits démontrent qu'il est condamné à exclure l'idée même de progrès, 
    [...] en offrant à des millieurs de personnes des conditions de vie inhumaines. Modèle qui conduit à la restriction des biens de première nécessité, qui condamnera un nombre toujours plus grand de citoyens au chomage, à l'analphabétisme, à l'ignorance et à la misère physiologique. La même perspective, en somme, qui nous a maintenus dans une relation de colonisation et de dépendance, qui nous a exploités aux temps de la guerre froide, mais également à l'époque des guerres bien réelles comme dans les périodes de paix. Nous autres, les pays sous-développés, sommes condamnés par certains à n'être que des réalités de seconde classes éternellement subordonnées. Ce modèle, c'est celui que les travailleurs chiliens, en devenant les protagonistes de leur propre avenir, ont décidé de refuser, cherchant au contraire à se développer rapidement, de manière autonome et originale, en transformant de façon révolutionnaire les structures traditionnelles. 

    [...] Depuis le moment où nous avons trionphés aux élections du 4 septembre 1970, nous sommes affectés par des pressions extérieures de grande envergure, qui prétendent empêcher l'installation d'un gouvernement librement choisi par le peuple, et l'abattre. Qui a voulu nous isoler du monde, étrangler l'économie et paralyser le commerce de notre principal produit d'exportation: le cuivre. Et nous priver de l'accès au financement international. 

    [...] Nous sommes face à des forces qui opèrent dans l'ombre, sans drapeau, avec des armes puissantes, postées dans des zones d'influence directe. 

    [...] Nous sommes face à un conflit frontal entre les multinationales et les États. Ceux-ci sont court-circuités dans leurs décisions fondamentales - politiques, économiques et militaires - par des organisations qui ne dépendent d'aucun État, et qui à l'issue de leurs activités ne répondent de leurs actes et de leurs fiscalités devant aucun parlement, aucune institution représentative de l'intérêt collectif. En un mot, c'est toute la structure politique du monde qu'on est en train de saper. 

    [...] Notre problème n'est pas isolé et unique. C'est la manifestation locale d'une réalité qui nous dépasse, qui englobe tout le continent latino-américain et le Tiers Monde. Tous les pays périphériques sont soumis à quelque chose de semblable, avec une intensité variable, avec certaines spécificités. Le sens de la solidarité humaine qui régit les pays développés doit regarder avec répugnance le fait qu'un groupe d'entreprises puisse intervenir impunément dans les rouages les plus importants de la vie d'une nation, jusqu'à la perturber totalement. 

    [...] Je sais maintenant, d'une certitude absolue, que la conscience des peuples latino-américains quant aux dangers qui nous menacent tous, a acquis une nouvelle dimension, et que l'unité est la seule manière de se défendre contre ce grave péril. Quand on sent la ferveur de centaine de milliers d'hommes et de femmes, se pressant dans les rues et sur les places pour dire avec détermination et espoir: "nous sommes avec vous! Ne cédez pas! Vous allez gagner!", tous les doutes se dissipent, toutes les angoisses s'effacent. Ce sont les peuples, tous les peuples au sud du Río Bravo, qui se dressent pour dire: BASTA! BASTA à la dépendence! BASTA aux pressions! BASTA à l'interventionnisme! Pour affirmer le droit souverain de tous les pays en développement à disposer librement de leurs ressources naturelles. C'est une réalité, la volonté et la conscience de plus de 250 millions d'individus qui exigent d'être entendus et respectés. Des centaines de milliers de Chiliens m'ont salué avec ferveur au moment où j'ai quitté ma patrie et m'ont délivré le message que je viens de transmettre à cette assemblée mondiale. Je suis sûr que vous, représentants des nations de la terre, vous saurez comprendre mes mots. C'est notre confiance en nous-même qui renforce notre foi dans les grandes valeurs de l'humanité, dans la certitude que ces valeurs prévaudront et ne pourront jamais être annihilées.
    Traduction  NATHALIE VUILLEMIN

    mercredi 27 juillet 2011

    Chili : cérémonie publique pour Salvador Allende

    La famille de M. Allende préfère commémorer son élection, le 4 septembre 1970, que le jour fatidique du 11 septembre 1973, quand il s'est suicidé plutôt que d'être fait prisonnier durant le coup d'État mené par le général Augusto Pinochet.
    Une autopsie officielle menée récemment sur la dépouille de Salvador Allende a confirmé qu'il s'était suicidé. Sa famille prévoit l'inhumer de nouveau avec tous les honneurs lors d'une cérémonie publique.

    mardi 19 juillet 2011

    CHILI : DES EXPERTS LÈVENT LES PRINCIPAUX DOUTES SUR LE SUICIDE D'ALLENDE

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    La fille du Président, Mme Isabelle Allende, sénatrice socialiste chilienne et le directeur du service médico-légal, Dr Patricio Bustos. Photo AP

    Le directeur du service médico-légal, Patricio Bustos, a déclaré à la presse que les experts avaient "vérifié l'identité du président par des méthodes d'odontologie légiste et de génétique", ils ont déterminé que la mort avait été causée "par une blessure par projectile" et qu'elle "correspond à un suicide".

    Ce rapport confirme la thèse officielle, également reconnue par la famille de Salvador Allende, et lève les principaux doutes dans l'attente d'une fermeture définitive du dossier, suspendue aux résultats d'expertises complémentaires.

    "La conclusion est la même que celle de la famille Allende: le président Allende, le 11 septembre 1973, alors qu'il se trouvait dans des circonstances extrêmes, a pris la décision de se suicider plutôt que d'être humilié ou de subir toute autre chose", a déclaré la fille du président défunt, la sénatrice Isabel Allende.


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    Mme la sénatrice Isabel Allende, fille aînée du Président martyr chilien. Photo AP

    Mme Allende a assuré que la famille avait pris la nouvelle avec "un grand calme", parce que "les conclusions de ce rapport correspondent à (sa) conviction" qui demeurait dans l'attente de preuves formelles, notamment balistiques.

    Selon les experts, le président a été tué par deux balles de fusil automatique AK-47, dont l'une a été retrouvée dans sa dépouille.

    Le tir a été effectué "par un fusil posé en appui" sur le menton, a expliqué Francisco Etxeverria, expert médico-légiste espagnol ayant participé aux recherches à la demande de la famille Allende.

    "Avec tous les éléments de l'analyse scientifique, nous sommes en mesure d'affirmer qu'il s'agit d'une mort violente (...) de nature suicidaire, qui ne fait absolument aucun doute pour nous", a poursuivi M. Etxeverria.

    La dépouille d'Allende, icône de la gauche latino-américaine, avait été exhumée au mois de mai dans le cadre d'une procédure ouverte le 27 janvier pour savoir s'il avait été assassiné ou s'il s'était suicidé - une thèse soutenue par les proches du président qui avait juré de mourir les armes à la main.

    Salvador Allende, premier marxiste élu à la présidence du Chili en 1970, est mort par balle à l'âge de 65 ans dans le palais présidentiel à Santiago, bombardé par l'armée, lors du coup d'Etat du général Augusto Pinochet.

    L'arme et la balle ayant entraîné sa mort n'ont jamais été retrouvées et la veuve d'Allende et ses filles n'avaient pas pu voir son corps.

    Des dirigeants et journalistes étrangers estimaient qu'Allende avait pu être assassiné par un putschiste et d'autres évoquaient un possible "suicide assisté": le président aurait raté sa tentative et un garde du corps lui aurait tiré le coup de grâce.

    Une autopsie réalisée après son décès avait conclu qu'il s'était suicidé d'une balle sous le menton.

    L'enquête sur la mort du président chilien a été rouverte en même temps que 725 dossiers de crimes contre l'humanité commis sous la dictature (1973-1990), qui n'avaient jamais été traités faute de plaintes.

    Au total, un peu plus de 700 anciens agents militaires, policiers ou civils de la dictature ont été condamnés ou sont poursuivis pour de tels crimes, mais moins de 70 sont en détention, à la faveur de remises de peine ou d'assouplissements de régime, et certaines condamnations n'ont toujours pas été confirmées.

    La dictature est responsable de plus de 3.100 morts ou disparus.

    dimanche 26 juin 2011

    LE PRÉSIDENT QUI TRAVERSE LE TEMPS

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    SALVADOR ALLENDE A SON BUREAU DE LA PRESIDENCE EN 1971, AVEC JOSE TOHA, UN DE SES PRINCIPAUX COLLABORATEURS. PHOTO MAGAZINE LIFE
    L’incontestable justesse de son combat et son engagement sans faille envers les plus nombreux -les plus démunis-, son attachement inébranlable à la légalité républicaine et une certaine éthique du pouvoir, lui assurent une stature politique universelle encore non surpassée.

    Aux moments où les dérives d’une gestion purement mercantile de l’économie conduisent au collapse social dans plusieurs points du globe, la figure du Président Salvador Allende recouvre une surprenante actualité.
    Guy Desmurs.

    mercredi 1 juin 2011

    Salvador Allende aurait pu être assassiné

    SALVADOR ALLENDE À LA MONEDA LE 11 SEPTEMBRE 1973. PHOTO ORLANDO LAGOS
    Et si les faits contredisaient la version officielle ? Une semaine après l’exhumation de la dépouille de Salvador Allende pour déterminer les véritables causes de sa mort, un document de la télévision publique chilienne fragilise la thèse officielle du suicide de l’ancien président chilien décédé après la prise de la Moneda (le palais présidentiel) lors du coup d’Etat du général Pinochet le 11 septembre 1973. Le président Allende, aurait reçu une balle avant celle de son propre fusil.

    A l’origine de cette nouvelle thèse, des documents du ministère de la Défense découverts dans la maison du colonel de l’armée chilienne Horacio Ried. Ce rapport contient une expertise balistique, une expertise dactyloscopique, des témoignages des personnes ayant trouvé le corps d’Allende ainsi qu’une autopsie pratiquée sur l’ex président. Le matériel a été transmis par la chaîne de télévision chilienne, qui l’avait en sa possession, au médecin légiste uruguayen Hugo Rodríguez.

    Après analyse du contenu de ces documents, cet expert, directeur du Département de médecine légale de l’Université de la République en Uruguay, pense détenir les preuves qu’Allende a été la cible de deux tirs, un tir d’une arme de petit calibre avant celui du fusil d’assaut AK-47 d’Allende.


    Cette nouvelle hypothèse fait l’effet d’une bombe dans les médias latino-américains qui relaient largement l’information. Si la véracité de ces éléments était démontrée, l’enquête sur les circonstances de sa mort prendrait un nouveau tour, alors que jusqu’ici la famille d’Allende accréditait la thèse du suicide. Au-delà, l’assassinat de l’homme d’Etat réécrirait une page sombre de l’histoire chilienne. Et raviverait les traumatismes encore présents chez les Chiliens victimes de la dictature de Pinochet, de 1973 à 1990, responsable de plus de 3 100 morts ou disparus.

    Pour le moment, le scénario de l’assassinat ne peut être vérifié sans les résultats de la nouvelle autopsie ordonnée la semaine dernière de l’ex chef d’Etat. Ceux-ci ne sont pas attendus avant plusieurs mois. Un laps de temps suffisamment long pour nourrir la polémique et les thèses conspirationnistes.

    samedi 28 mai 2011

    CHILI : UNE ENQUÊTE SUR LA MORT D'ALLENDE

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    affiche de la campagne électorale 1970
    Alicia Lira Matus, présidente de l'AFEP (Association des familles des Exécutés Politiques.) explique les étapes qui ont conduit à l'ouverture de l'enquête.
    Le procureur de la Cour d'appel du Chili, Beatriz Pedrals, a ouvert fin janvier le dossier de la mort du président Allende, parmi les 726 cas de violation des droits humains qui n'ont jamais, jusqu'aujourd'hui, fait l'objet d'aucune procédure légale.

    Le rapport de la commission nationale Vérité et réconciliation, mieux connu sous le nom de Rapport Retting, avait conclu, en 1991, que 2279 personnes avaient été tuées sous Pinochet (11 septembre 1973 - 11 mars 1990).

    L'année dernière une révision de ce rapport, notamment à propos de la liste des victimes, a été nécessaire, vu l'augmentation du nombre de plaintes présentées par les associations et les familles des victimes.


    Cette révision a révélé que certains cas (plus de mille), n'avaient jamais fait l'objet d'une enquête officielle, d'où la décision de confier une enquête au procureur Pedrals. Parmi les dossiers des victimes : celui du président Salvador Allende Gossens.

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    LE PRESIDENT ALLENDE DEPOSE SON VOTE DANS L'URNE LORS DES ELECTIONS PARLEMENTAIRES DE 1973
    Selon toute probabilité, les conclusions de cette enquête ne changeraient en rien les sentiments que les Chiliens portent à leur ancien président.

    Le putsch militaire du 11 septembre 1973 est toujours présent dans la mémoire du peuple chilien: le palais présidentiel de La Moneda assiégé par l'armée, le refus d'accorder au Président un sauf-conduit pour quitter le pays.


    A l'intérieur, Allende s'adresse pour la dernière fois à la nation, sur les ondes de radio Magallanes: « Je peux dire aux travailleurs que je ne renoncerai pas. Dans cette étape historique, je paierai de ma vie ma loyauté au peuple. Je vous dis que j'ai la certitude que la graine que l'on a confiée au peuple chilien ne sera jamais détruite. »

    A 14h le corps sans vie du président Allende était retrouvé dans son studio, une balle dans la tête, une mitraillette à la main, cadeau de Fidel Castro, la seule arme qu'il ait jamais utilisée de sa vie.
      
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    SALVADOR ALLENDE EN BAIN DE FOULE EN 1972


    HYPOTHÈSES

    Tout au long de ces 37 dernières années les hypothèses sur sa mort ont divisé l'opinion publique. Si la première autopsie avait conclu qu'il s'agissait bien d'un suicide, thèse soutenue, entre autres, par le docteur Arturo Girón, le premier à avoir vu le corps du Président, des doutes ont toujours existé.

    Les associations des familles de victimes, les défenseurs des droits de l'homme et la plupart des Chiliens n'ont jamais cru à la thèse officielle, démentie par certains témoignages.

    Ceux qui étaient avec lui à La Moneda racontent qu'il a été blessé à mort sur les escaliers du palais présidentiel, après avoir crié « traître » au général Javier Palacios, entré dans le palais avec les soldats putschistes.

    On aurait fait passer pour un suicide ce qui serait en fait un homicide politique. Le médecin légiste José Luis Ravanal, il y a tout juste quelques années, a effectué une expertise de l'autopsie réalisée par les généraux putschistes sur le corps d'Allende, concluant qu'il avait été blessé à la tête par deux balles et non pas une, confirmant ainsi la thèse de l'assassinat.

    L'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez a publié, le 11 septembre 2003, 30 ans après le Coup d'Etat, un article intitulé « La véritable mort du président », qui soutient la thèse de l'assassinat.

    La fille du Président, Isabelle Allende, sénatrice socialiste chilienne, reste convaincue du suicide du père. Selon elle, il ne serait jamais sorti vivant de La Moneda.


    Mais l'enquête du procureur permettra de montrer une réalité plus grande, l'expérience de la violence politique par toute une génération. Les Chiliens se souviendront toujours de Londres 38, le Centre de torture installé au cœur de la ville de Santiago, ainsi que d'autres centres, tels Villa Grimaldi et la Colonia Dignidad, ce dernier dirigé par un ancien nazi.

    La répression, organisée par le service de renseignement national qui, avec la complaisance de Kissinger, s'est occupé de l'élimination des dissidents politique en Amérique Latine, a entraîné, en 17 ans de dictature, la torture de plus de 30 000 personnes, la disparition ou l'assassinat de 3000 opposants politiques et l'exil politique d'un demi-million de personnes.

    L'ancien dictateur Pinochet est mort en 2006, sans avoir été jugé pour ces crimes. Au Chili, seulement une trentaine d'anciens militaires ont été condamnés et peu sont incarcérés.


    A l'étranger, ces crimes ont connu un plus large écho et des enquêtes plus vastes. Après l'Espagne et l'Italie, la France a jugé et condamné des responsables de la police secrète, la DINA.

    Le procès qui s'est conclu à Paris le 17 décembre 2010 a abouti à la condamnation à perpétuité de Manuel Contreras, l'ex-numéro un de la Dina (condamné déjà au Chili à 400 ans de prison) et d'Octavio Espinoza, responsable des tortures à Villa Grimaldi. 

    Poursuivis devant la justice française pour la mort de quatre franco-chiliens, dont les corps n'ont été jamais retrouvés, les autres onze inculpés ont été condamnés à des peines de 15 à 30 ans.

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    LE PRESIDENT ALLENDE PARTICIPE D'UN CHANTIER, années 1970. PHOTO magazine américain LIFE

    « Les procès en France et en Italie ont montré la voie »

    Entretien avec Alicia Lira Matus, présidente de l'AFEP (Association des familles des Exécutés Politiques.)

    Témoignage chrétien (TC) : Pourquoi une enquête sur la mort de Salvador Allende est-elle ouverte aujourd'hui seulement ?
     
    Alicia Lira Matus : Parce que notre association a confié à Sergio Muñoz (juge chilien, membre de la Court suprême de justice) notre préoccupation à propos du fait que, parmi les deux mille victimes d'assassinats politiques reconnues par le Rapport Retting, de nombreux cas, parmi lesquels celui du président Allende, n'ont pas été l'objet d'enquête judiciaire. On a fait ouvrir 357 enquêtes l'année dernière, cela a nécessité deux ans de travail.

    Il existe deux thèses à propos de la mort d'Allende : le suicide, soutenu notamment par sa fille, et l'assassinat politique, défendu par des témoins. Notre position est celle de l'homicide. Il faut préciser qu'au Chili, chaque cas de décès par suicide prévoit une enquête : cela n'a pas été le cas pour la mort d'Allende.


    TC : Quel est l'intérêt, pour le peuple chilien, de découvrir les causes de la mort d'Allende?

    Nous pensons qu'il est de notre devoir d'enquêter sur sa mort, on lui doit ça. Quel que soit le résultat, cela ne changera en rien la valeur de sa personne et de sa politique.

    TC : Que pensez-vous des procès qui ont eu lieu à l'étranger, en France notamment, et qui ont permis de condamner d'anciens responsables de la dictature ?


    Les procès qui ont eu lieu en France et en Italie dernièrement ont été très encourageants pour les familles de victimes, ils indiquent la voie que pourrait suivre le Chili. Certains jugent chiliens restent favorables à une amnistie pour ces anciens tortionnaires responsables de crimes contre l'humanité.

    vendredi 27 mai 2011

    CHILI : LE CORPS EST BIEN CELUI D'ALLENDE

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    DES MILITAIRES & SAPEURS POMPIERS EVACUENT LE CADAVRE D' ALLENDE DU PALAIS DE LA MONEDA L'APRES MIDI DU 11-09-1973
    "Le juge chargé de l’enquête, Mario Carroza, a déjà reçu le résultat des examens dentaires qui ont confirmé qu'il s'agissait des restes de Salvador Allende", a déclaré à l'AFP cette source qui a requis l'anonymat.

    L'autopsie devrait être terminée dans environ trois mois, selon le calendrier communiqué au juge Carroza chargé de ce dossier ouvert le 27 janvier, a indiqué la même source.

    jeudi 26 mai 2011

    SALVADOR ALLENDE, UNE MORT QUI RESTE À EXPLIQUER

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    SALVADOR ALLENDE, médecin de formation, était anatomopathologiste depuis 1933

    Dans l'après-midi du 11 septembre 1973, trois soldats et plusieurs pompiers sortaient du Palacio de la Moneda [siège de la présidence] en transportant un ballot enveloppé dans une couverture à rayures, que la notaire Alina Morales avait offert à Allende pour son dernier anniversaire. On suppose qu'il s'agissait du corps du président Allende. Il est conduit dans un camion-ambulance de l'armée vers l'Hôpital militaire, où des médecins pratiquent l'autopsie. Le lendemain matin, la veuve Hortensia Bussi, accompagnée d'Eduardo Grove Allende, neveu de Salvador, arrive à l'Hôpital avec un laissez-passer des autorités militaires et exige qu'on lui remette le cadavre. On lui apprend qu'il a été transféré à l'aéroport de Los Cerrillos. Avec une présence d'esprit à toute épreuve, Tencha [surnom d'Hortensia Bussi] se rend à l'aéroport où elle et sa belle-sœur, la députée Laura Allende, qui y est allée directement, récupèrent le cercueil au moment où il allait être transporté dans un DC-3 de l'armée de l'air. Hortensia Bussi demande à voir le corps, mais se heurte à un refus ; le cercueil, d'après ce qu'on lui dit, est scellé. “Je ne saurai jamais — ou un jour peut-être, je ne sais pas — si celui que j'ai enterré était bien Salvador Allende, parce qu'on ne m'a pas laissé ouvrir le cercueil”, dira-t-elle.

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    Des pompiers et de militaires retirent dans une civière le corps sans vie du président Allende le 11 septembre 1973

    Pendant le vol, à côté du cercueil, sont présents l'épouse et la sœur du président, Patricio Grove Allende, Eduardo Grove Allende et son fils adolescent Jaime, filleul du défunt. Ensuite, depuis la base de Quintero, le cortège — un corbillard et deux voitures — se rend à Viña del Mar et pénètre dans le cimetière Santa Inés jusqu'au caveau de la famille Grove Allende. Plusieurs officiers en uniforme les y attendent. Hortensia Bussi salue froidement, Laura a les lèvres pincées. Trois décennies plus tard, la veuve se rappellera : “Avant qu'ils ne descendent le cercueil, j'ai fait un effort pour ne pas m'effondrer. Personne ne m'a vue pleurer. J'ai ravalé mes larmes, toutes mes larmes. Je me suis dit : Pas question qu'ils me voient pleurer’”.

    A cet instant, Hortensia Bussi insiste pour qu'ils ouvrent le cercueil. Le couvercle est soulevé, mais elle ne voit qu'un drap : “Je n'ai pas pu savoir si c'était ses pieds ou sa tête”. La veuve prend une fleur, la dépose sur le cercueil et déclare : “Je veux que vous sachiez que nous enterrons ici Salvador Allende, président du Chili, de façon anonyme, car on ne veut pas que cela se sache. Mais moi je vous demande à vous, fossoyeurs, jardiniers, et à tous ceux qui travaillent ici, de dire autour de vous que Salvador Allende est ici, pour qu'il ait toujours des fleurs.



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    Patricio Aylwin, démocrate chrétien, l'un des chefs de l'opposition à SALVADOR ALLENDE le 03 août 1973


    Dix-sept  ans plus tard, six mois après son arrivée à la présidence, Patricio Aylwin [élu en décembre 1989  et entré en fonction le 1er mars 1990]]  décide d'organiser les secondes obsèques de Salvador Allende, officiellement cette fois. Préalablement, le 17 août 1990, la dépouille de Salvador Allende fait l'objet d'une identification plus symbolique que formelle au cimetière  Santa Inés de Viña del Mar. Le docteur Arturo Jirón, qui était aux côtés d'Allende lors de la bataille du palais de La Moneda, représente la famille et pénètre dans le mausolée des Grove de  nuit, à la lumière des torches et des lanternes. Le bois est pourri, le cercueil  se casse. En juin 2007, Jirón nous déclarera : “J'ai reconnu le pull-over et la veste en tweed, et j'ai vu son crâne fendu. C'était lui. C'était sinistre.” Des odeurs ? “Non pas de mauvaises odeurs.” La couverture rayée dans laquelle ils l'ont enveloppé y était-elle encore ? “Non.”

    Si elle n'est pas totalement infondée, cette “identification” par les vêtements d'un cadavre qui avait été déshabillé et autopsié 17 ans plus tôt n'a aucune valeur scientifique. Les obsèques officielles, coordonnées par le ministre Enrique Correa, ont lieu le 4 septembre 1990, date du vingtième anniversaire de l'élection dont Allende était sorti victorieux. Pinochet est toujours le chef des armées, la situation est délicate, et le gouvernement chilien, craignant un soulèvement populaire, veut éviter à tout prix des manifestations. Le cercueil contenant la dépouille  roule à toute allure de Viña del Mar jusqu'à la cathédrale de Santiago, où une cérémonie religieuse et un répons du cardinal Carlos Cavada rendent hommage à président franc-maçon et prétendument suicidé – deux motifs d'excommunication selon le dogme catholique. De là, il rejoint le mausolée familial au Cementerio General de Santiago.

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    Salvador ALLENDE lève son verre

    Lors de la cérémonie officielle, à l'entrée du cimetière, des personnalités étrangères accompagnent la veuve et la famille. Hué par une partie de l'assistance, le président Aylwin proclame que c'est une “erreur injuste” qu'on répare ce jour-là. L'avocate Gabriela Alvarez (disparue en avril dernier), qui était aux côtés d'Allende lors de sa première campagne présidentielle en 1952, bouscule le programme et fait ses adieux à son ami Salvador en délivrant un discours enflammé devant sa sépulture. Pour Hortensia Bussi, ces obsèques sont “un grand geste de réconciliation”. Depuis lors, la dépouille présumée de Salvador Allende repose dans ce mausolée, où elle reçoit de constants hommages. L'exhumation ordonnée par le ministre Carroza devrait permettre de confirmer enfin, et définitivement, son identité.

    La mort de Salvador Allende au microscope

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    Le président chilien Salvador Allende dans son bureau Santiago du Chili en 1970
    Dans le froid du petit matin, les coups de marteau résonnent dans l'immense cimetière général de Santiago. Devant un parterre de journalistes, les ouvriers s'affairent à ouvrir la tombe de l'ancien président Salvador Allende. Des personnalités politiques, des avocats tendent le cou pour voir l'intérieur de l'imposant caveau familial de marbre blanc, où se trouvent la famille, le juge, les médecins légistes, la police d'investigation. Une heure plus tard, le cercueil gris métallisé apparaît. À l'intérieur, une urne contient les ossements de Salvador Allende.
    «Objectivement, le temps qui a passé et l'état de conservation de la dépouille de l'ancien président jouent contre nous, reconnaît le juge Mario Carroza, chargé de l'enquête sur la mort du chef d'État. D'un autre côté, nous bénéficions des avancées scientifiques des dernières années en matière de médecine légale.» À partir du contenu de l'urne, 12 experts chiliens et étrangers, parmi lesquels des médecins légistes, des anthropologues, une archéologue et un expert en balistique, devront déterminer comment l'ancien président est mort il y a près de 38 ans.

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    Vue prise le 26 juin 2000 d'une statue du président chilien Salvador Allende installée à Santiago
    Analyse d'ADN
    Ils vérifieront tout d'abord que les restes sont bien ceux du président Salvador Allende à l'aide d'échantillons sanguins de deux de ses filles. Non seulement aucune enquête n'a été menée jusqu'ici sur la mort la plus symbolique du Chili, mais aucun test d'ADN n'a été réalisé pour vérifier l'authenticité de la dépouille.
    Le 11 septembre 1973, les forces armées dirigées par le général Augusto Pinochet ont bombardé le palais présidentiel. Le président Salvador Allende a d'abord résisté.
    À 82 ans, le Dr Arturo Jiron, ancien ministre de la Santé d'Allende, s'en souvient comme si c'était hier: «Le président a décidé la reddition. Nous nous sommes alors rangés en file indienne. J'étais parmi les derniers. Tout à coup, j'ai entendu Enrique Huerta crier: "Le président est mort!" J'ai poussé la porte. J'ai vu au fond de la pièce le président dans son fauteuil, le crâne fracassé, du sang partout.»
    Le Dr Jiron fait partie des rares survivants qui ont vu Salvador Allende mort. Selon lui, l'ancien président s'est suicidé. Une conviction que partage sa famille. «Mon père a pris la décision de mourir dans un geste de cohérence politique pour défendre le mandat que lui avait remis le peuple», a souligné sa fille, la sénatrice Isabel Allende, au cimetière général.
    La thèse de l'homicide
    Mais cette opinion ne fait pas l'unanimité. «Je ne crois pas à la thèse du suicide. Le président a été assassiné», insiste Miguel Littin, cinéaste et ancien conseiller en images de Salvador Allende, venu lui aussi assister à l'exhumation. L'autopsie réalisée par deux médecins de la junte, à huis clos, en 1973, a conclu au suicide. Or, selon le médecin légiste Luis Ravanal, le rapport d'autopsie fait état d'une lésion circulaire dans la partie haute et postérieure du crâne. «Cela ne correspond pas à la déflagration provoquée par un fusil d'assaut comme l'AK-47, explique-t-il, mais à une arme de petit calibre.» Deux tirs auraient donc atteint le crâne de l'ancien président, contrairement à la version officielle.
    Pour la première fois, la justice enquête. Elle parviendra peut-être à trancher, à établir les faits, loin des opinions. L'écriture de cette page sombre de l'histoire repose désormais sur les analyses médicolégales des experts. Des analyses qui seront peut-être encore plus difficiles que prévu.
    En 1990, la dépouille de l'ancien président a été exhumée pour être transportée au cimetière général. «Aucun médecin légiste n'était présent», se souvient le caméraman Pablo Salas, qui a filmé l'exhumation.
    «Comme le cercueil était en mauvais état, seuls les ossements ont été recueillis pour être placés dans une petite boîte. Les vêtements et les chaussures ont été jetés.» Certains fragments d'os ou de balle, essentiels, ont peut-être fini à la poubelle...

    mardi 24 mai 2011

    Le corps de Salvador Allende exhumé

    Selon la thèse généralement admise, le dirigeant socialiste s'est suicidé en septembre 1973 au moment du coup d'État militaire mené par le général Augusto Pinochet, mais pour de nombreux Chiliens, des doutes persistent.
    Au moment de sa mort, le palais présidentiel était bombardé depuis des heures et des tirs arrivaient de tous les côtés. Selon l'autopsie pratiquée à l'époque à l'Hôpital militaire de Santiago, le dirigeant chilien s'est suicidé en se tirant une balle sous le menton.
    Le seul témoin de la mort de Salvador Allende, le docteur Patricio Guijon, un membre de l'équipe médicale du président, a d'ailleurs toujours soutenu qu'Allende s'est enlevé la vie avec une arme que lui avait donnée le dirigeant cubain Fidel Castro.
    M. Guijon affirme qu'après le suicide du président, il a enlevé l'arme qui gisait entre les jambes de M. Allende et s'est assis tout près de lui. « Les gens trouvent cela difficile à croire, mais je suis probablement resté là pendant 15 ou 20 minutes, absolument seul, dans le Hall de l'indépendance, avec le corps du président... assis, effrayé à mort et n'ayant aucune idée de ce qui allait arriver », a raconté M. Guijon, en entrevue à l'Associated Press.
    Le médecin affirme qu'aucune balle n'a été tirée lorsque les soldats de Pinochet sont arrivés dans la pièce.
    Un comité de 12 experts, composé de sept Chiliens et de cinq étrangers, est chargé d'examiner le corps.
    Le docteur Luis Ravanal
    Le docteur Luis Ravanal. Photo Roberto Candia

    La thèse du suicide mise en doute
    Le docteur Luis Ravanal, un expert en médecine légale qui ne participe pas à l'exhumation de la dépouille de M. Allende, a relevé ce qu'il considère être des anomalies dans la description de sept pages du corps qui a été préparée après l'autopsie réalisée en 1973.
    Selon lui, ces anomalies suggèrent que M. Allende aurait peut-être été blessé par un pistolet avant d'être achevé avec un AK-47. Le docteur croit par ailleurs que le AK-47 que l'armée chilienne a montré au public n'est pas celui que Fidel Castro a donné à M. Allende.
    Cela nous paraît important pour le pays et pour le monde que l'on puisse établir juridiquement les causes de sa mort et les circonstances extrêmement violentes qui l'ont entourée.

    — La sénatrice Isabel Allende, fille de Salvador Allende
    Le coup d'État pendant lequel le président Allende a trouvé la mort est survenu en pleine guerre froide. À la nouvelle de sa mort, plusieurs se sont mis à soupçonner un complot fomenté par les États-Unis. Les Américains ont en effet avoué plusieurs années plus tard avoir commandité le coup d'État.
    Des soldats sur un toit devant le palais La Moneda, à Santiago, pendant le coup d'État du 11 septembre 1973.
    Des soldats sur un toit devant le palais La Moneda pendant le coup d'État du 11 septembre 1973. Photo Archives AFP

    L'enquête sur la mort du président chilien a été rouverte en même temps que 725 dossiers de crimes contre l'humanité commis sous la dictature d'Augusto Pinochet, de 1973 à 1990. Les dossiers de ces victimes n'avaient jamais été traités, faute de plaintes.
    Les experts cherchent des preuves qui pourraient appuyer des accusations en lien avec le meurtre de ces personnes, dont plusieurs, disparues dans les jours qui ont suivi le coup d'État de Pinochet, ont partagé les derniers moments du président Allende.
    Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Associated Press

    lundi 23 mai 2011

    La dépouille de l'ex-président chilien Salvador Allende a été exhumée pour déterminer les causes de sa mort

    Cette exhumation a eu lieu au cimetière central de Santiago, dans le cadre d'une enquête ouverte en février. Allende est mort par balle dans le palais présidentiel lors du coup d'Etat de Pinochet en 1973. L'arme et les balles n'ont jamais été retrouvées. L'autopsie avait révélé un suicide, ce que soutient la famille, mais cette hypothèse a souvent été remise en cause.

    dimanche 8 mai 2011

    LA DÉPOUILLE D'ALLENDE VA ÊTRE EXHUMÉE

    [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
    CAPTURE D'ÉCRAN DE LA TÉLÉVISION NATIONALE CHILIENNE 
    "Nous fixons aujourd'hui la date au 23 mai. L'horaire n'est pas encore connu, car il dépend beaucoup des personnes qui participeront" à l'exhumation, a déclaré à l'AFP le juge Mario Carroza chargé du dossier. 

    Le service médico-légal sera chargé de l'expertise ordonnée le 15 avril par le juge, sur demande de la famille de l'ancien président socialiste renversé par un coup d'Etat mené par le général Augusto Pinochet. Allende, président socialiste du Chili depuis 1970, est mort par balle dans le palais présidentiel de Santiago, bombardé par l'armée de l'air, le 11 septembre 1973. Il avait 65 ans.

    Peu après sa mort, une autopsie avait été pratiquée à l'Hôpital militaire de Santiago et, selon la version des autorités ainsi que des témoignages, il s'était suicidé en se tirant une balle sous le menton. La famille Allende elle-même privilégie la thèse du suicide.

    La justice a rouvert en janvier une enquête sur la mort d'Allende, ainsi que sur 725 cas de crimes contre les droits de l'Homme sous la dictature militaire (1973-1990), qui n'avaient jamais été traités faute de plaintes.

    jeudi 5 mai 2011

    SALVADOR ALLENDE: HISTOIRE D'UNE ICÔNE DU SOCIALISME

    COUVERTURE DU LIVRE «MI VECINO EL PRESIDENTE» 
    ( MON VOISIN LE PRÉSIDENT )


    En espagnol, après le roman biographique de Fernando Alegría, Allende. Mi vecino el presidente (1989) l’on recense seulement l’étude de Diana Veneros, Allende. Un ensayo psicobiográfico (2003), axée sur une approche psychologique, et le livre controversé d’Eduardo Labarca, Salvador Allende. Biografía sentimental (2007), sur sa vie privée. Les ouvrages en français, comme l'ouvrage Collectif, Salvador Allende : un monde possible (2004), portent sur le gouvernement de l’Unité populaire et ne proposent pas d’étude particulière du personnage. Visiblement, une véritable biographie sur le président socialiste nous fait encore cruellement défaut.

    Couverture du livre « Salvador Allende. 
    Biografía sentimental  » (Salvador Allende. 
    biographie sentimentale)
    le livre de Thomas Huchon n’a pas la prétention de combler ce vide. Par rapport aux ouvrages mentionnés, son apport est limité, mais il ne constitue pas moins, pour le public francophone, une première approche stimulante du personnage. Écrite dans un langage familier, dépourvue de notes et de bibliographie, son étude est basée sur des témoignages crédibles, de gens qui l’ont côtoyé de près. Elle va pourtant au-delà de la « vie intime » d’Allende et permet, malgré une insistance parfois excessive sur l’anecdote, d’aborder plusieurs des aspects clés de l’expérience politique singulière que fut l’instauration d’un régime socialiste démocratique, dont la réalisation aurait constitué une première dans l’histoire mondiale.

    Couverture de l'Ouvrage Collectif « Salvador Allende : un monde possible» Ont participé à cet ouvrage : Nadia Akdoumi Isabel, Allende Rodrigo, Arenas Antoine, Blanca Jacky Bontems, Hélène Bouneaud, Patrick Braouezec, José Cademartori, Christine Castelain-Meunier, Carmen Castillo, Patrice Cohen-Seat, Pierre Cours-Salies, Bertrand Delanoë, Claude Estier, Osvaldo Fernandez, Pierre Galand, Élisabeth Gauthier, Janette Habel, Elsy Huboux, Alain Joxe, Pierre Kalfon, Gonzalo Martner, Tomás Moulian, Éric Mulot, Itamar Olivares, Alain Touraine, Eduardo T. Valenzuela, Henri Weber, Louis Weber
    L’étude alterne l’analyse de divers aspects de l’expérience politique d’Allende et des thèmes reliés à la personnalité, au caractère et la vie privée du président. L’auteur insiste beaucoup sur les qualités personnelles d’Allende, sa loyauté envers ses amis et collaborateurs, sa capacité à écouter les opinions les plus diverses, même celles de ses opposants, et son ouverture envers les jeunes. Il rappelle également que parmi ses ancêtres figuraient des hommes qui avaient participé à l’indépendance du Chili et à la vie militaire (son grand-père Ramón Allende Padín avait été médecin de l’armée) et que lui-même avait été franc-maçon depuis sa jeunesse, facteurs importants pour comprendre son ouverture à l’égard des différentes idéologies et son respect pour les forces armées. Ayant lui-même fait le service militaire, Allende pensait que, contrairement à ceux des autres pays latino-américains, les militaires chiliens n’avaient pas de tendances putschistes et qu’ils pourraient collaborer avec son gouvernement.

    Titre du livre : Salvador Allende, l'enquête intime
    Auteur : Thomas Huchon
    Éditeur : Eyrolles
    Collection : Histoire
    Date de publication : 30/11/99
    N° ISBN : 978-2-212-54688-0