mardi 12 septembre 2017

SALUDO DE GUILLERMO TEILLIER



Saludo al Acto de Homenaje al Presidente Salvador Allende, en el año del Centenario de su nacimiento, organizado por el Partido Comunista Francés y el Partido Comunista de Chile en Francia (17-octubre-2008)

Estimados compañeros y amigos,

Saludamos con todo afecto el significativo acto que ustedes realizan en Paris en homenaje a Salvador Allende, en el Centenario de su nacimiento.

En este año 2008, los homenajes a Salvador Allende han constituido un acontecimiento político y social de gran importancia en Chile. En numerosos países del mundo se han organizado diversas ceremonias de homenaje en su memoria. Es el reconocimiento a la consecuencia y a la herencia que nos dejó Allende en su larga lucha social y política por los intereses de Chile, de los trabajadores y del pueblo de nuestra Patria.

Para el Partido Comunista de Chile estas enseñanzas se reflejan en el curso de la situación política actual, señalándonos la necesidad de seguir bregando -como él lo hizo- en la construcción de una alianza amplia para terminar con la herencia nefasta que la dictadura de Pinochet ha dejado en el país, para desmantelar la política de exclusión y de discriminación hacia los trabajadores, los pueblos originarios y todos los que claman por democratizar Chile. Abrir el abanico de nuestra alianza hacia todos los sectores del pueblo es una necesidad imprescindible para avanzar hacia un gobierno democrático y progresista, en la perspectiva de la revolución y el socialismo.

Hoy, vivimos en Chile en los marcos de una democracia excluyente en el que los derechos nacionales y sociales que representa el allendismo siguen siendo una tarea pendiente. Baste decir que actualmente la situación del cobre chileno es tan grave como cuando Allende promovió la nacionalización del cobre, que vuelve a estar mayoritariamente en poder de las multinacionales.

La valoración de la figura y el rol de Allende crece incesantemente. La conmemoración del centenario de su nacimiento pone de relieve que su papel en la historia no es un asunto del pasado sino del futuro. Allende vive como constructor de esperanza para nuestro pueblo. En Chile, el camino que debemos recorrer en las condiciones actuales, es el que su gobierno empezó a desbrozar.

Para esa tarea inmensa, asumir la herencia de Allende es irrenunciable. La reivindicamos como un patrimonio de toda la izquierda en nuestra patria y en América Latina. Sabemos que Allende se alegraría inmensamente de ver la emergencia, mas allá de nuestra querida Cuba, de procesos liberadores en Venezuela, Bolivia, Ecuador, Nicaragua, Paraguay, cada cual con sus peculiaridades.

Reciban pues, estimados compañeros franceses, compañeros chilenos y todos los participantes en el significativo homenaje a los Cien Años de Allende, que realizan hoy en la sede del Comité Central del Partido Comunista francés, el abrazo de los comunistas chilenos, afirmándoles que consideramos una necesidad y un deber político llevar a la realidad del Chile actual los sueños y el legado de Allende.

Guillermo Teillier
Presidente
Partido Comunista de Chile

INVITATION

Invitation

Journée d’hommage à Salvador Allende
à l’occasion du Centenaire de sa naissance

Vendredi 17 octobre 2008 à partir de 18h00
à l’Espace Niemeyer, 2, place du Colonel Fabien – 75019 Paris



Le centenaire de la naissance de Salvador Allende est pour nous l’occasion de réfléchir aux idées et à l’oeuvre du Président chilien.Même si l’intervention américaine et la réaction nationale ont empêché son gouvernement de réaliser ses idéaux de justice, Allende reste, aujourd’hui plus que jamais, un exemple pour tous ceux qui, comme nous, rêvent d’une société plus juste et croient aux transformations sociales.

Pour lui, le socialisme n’était ni un slogan, ni une utopie, ni un déguisement, mais une réalité concrète vers laquelle son gouvernement tendait jusqu’au coup d’arrêt sanglant du 11 septembre.

Son exemple mérite d’être médité, suivi, adapté aux besoins de notre époque. A l’heure où, partout dans le monde, les idoles sont déboulonnées ou récupérées par la société marchande, seul l’exemple d’Allende résiste.

En Amérique latine toutes les expériences progressistes s’en inspirent ; en Europe, beaucoup s’en réclament sans pour autant suivre son exemple. Et d’ailleurs, savons-nous qui était véritablement Allende?

Nous vous invitons à réfléchir aux idées et à l’action de Salvador Allende afin que son enseignement nous éclaire dans les luttes à venir, aussi bien en Amérique Latine qu’en Europe.



Parti communiste Français - Parti communiste Chilien en France





LE PHOTOGRAPHE D’ALLENDE

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Photo d'Orlando Lagos, paru dans The New York Times en 1973

L’histoire secrète du «Chico» Lagos, l'auteur des ultimes photos d’Allende

Dans une maison de repos pour personnes âgées - loin de la reconnaissance officielle et à 94 ans - est mort le photographe qui a enregistré les dernières images de l’ex Président le jour du coup d’Etat. Luis Orlando Lagos Vasquez a renoncé à la renommée mondiale qu’il méritait par un pacte secret signé avec “The New York Times” et même lors de ses funérailles le mystère du portraitiste du 11 septembre 1973 n’est pas sorti de l’ombre.

Ce fut un secret si bien gardé, que dans tous les hommages rendus ces derniers jours à feu Luis Orlando Lagos Vasquez (famille, presse, collègues et amis), personne n’a parlé de l’exploit réalisé par ce petit géant de la photographie chilienne, qui a été comparé avec des “classiques mondiaux”, tels que les photo-reporters qui étaient présents en Iwo Jima, lors de la chute de Berlin ou pendant la guerre d’Irak.

“Chico” Lagos a fixé –avec une caméra Leica- de l’intérieur le drame qui s’est déclenché dans la Monnaie aux premières heures du 11 septembre 1973. Ainsi il a enregistré pour l’histoire le dernier parcours de Salvador Allende dans les dépendances du palais, entouré des “Gap”(1) et des carabiniers loyaux jusqu’à ce moment, alors que déjà les avions putchistes survolaient le centre de Santiago, en choisissant le trajet qu’allaient suivre plus tard leurs bombes contre le siège du Gouvernement.

Après avoir accompli son devoir professionnel, Orlando Lagos, photographe officiel de la Monnaie depuis 1970 –1,55 mètre de taille-, a réussi à sortir de là avec les filles du Président Allende, Beatriz e Isabel (l’actuelle députée), entre autres, durant une brève trêve accordée par les militaires, qui avançaient avec des tanks et l’infanterie pour bloquer toutes les issues.

Il a caché dans les plis de ses vêtements les plus intimes le rouleau avec les négatifs, base des images que deviendraient célèbres, restant lui dans un anonymat qui a duré des décennies, et qui vient de finir avec cette chronique. Les photos de “Chico” Lagos ont été publiées trois semaines plus tard aux Etats Unis, et ont commencé à faire le tour du monde, avec des copies par milliers sans attribution d’auteur. Le plus souvent comme témoignage du dernier acte politique de Salvador Allende, mais aussi comme exemple de photo-reportage dans des cercles professionels et académiques.

Auteur inconnu.

“The New York Times”, considéré par beaucoup comme le plus important journal au monde, a acheté à Santiago, au début d’octobre 1973; pour 12 mille dollars –à cette époque, un montant de rêve-, un set de six photos d’Orlando Lagos, avec l’engagement de ne pas révéler son nom jusqu’au jour de sa mort. Mais lorsque celui-ci est arrivé –l’après midi du 7 janvier dernier, dans la Maison de retraite La Reina, du Conseil National de Protection de la Vieillesse-, les éditeurs new-yorquais avaient déjà oublié leur engagement, et ils n’ont même pas mentionné son décès dans leurs colonnes.

Le pire est que peut-être “Chico” Lagos n’a même pas reçu l’argent pour ses instantanés si saisissants. L’opération avec le “NYT” aurait pu se faire par le biais d’un intermédiaire dont on n’a jamais eu de nouvelles. Lagos n’a jamais été prêt à négocier les milliers de clichés “exclusifs” que sa position lui permettait de prendre chaque jour.

Photographe personnel d’Allende pendant ses quatre campagnes présidentielles, Orlando Lagos a continué à ses côtés à la Monnaie entre 1970 et 1973, l’accompagnant dans toutes ses tournées de Président, à l’intérieur et à l’extérieur du Chili. Lorsque s’est réalisée la vente au “New York Times” il était suivi de près par les sbires de Pinochet, qui ont fouillé sa maison trois fois après le coup d’Etat et détruit toutes ses archives ainsi que les appareils, à la recherche de photos “compromettantes”.

Avec le temps, le dramatique témoignage graphique du chilien à l’intérieur de la Monnaie s’est converti en un patrimoine commun de la presse mondiale et de la “résistance”, par-dessus le copyright du journal new-yorquais, violé de nombreuses fois dans des livres, affiches, films, manifestations, disques et journaux (avec des copies de copies) sans que ne soit jamais mentionné le nom du véritable auteur des photos.

Les organisateurs du Prix International World Press ne l’ont pas fait non plus, en l’octroyant au titre de “ La Photo de l’Année 1973” à la principale photo d’Orlando Lagos sur laquelle se reflète dans les visages d’Allende et de ses accompagnateurs (un gap, à droite, le médecin Danilo Bartulin, au centre, et à sa gauche le capitaine des Carabiniers José Muñoz) l’inquiétude face à la menace de l’imminent bombardement aérien qui s’insinuait à cet instant.

Profiteurs

Au-delà des manoeuvres commerciales, diverses thèses ont prétendu attribuer les photos d’Orlando Lagos à d’autres auteurs, en supposant même que le photographe inconnu “n’était pas un chilien”. Ou que les photos correspondaient en réalité aux préparatifs de défense du Palais de la Moneda devant le “tancazo”(2) (juin 1973) et non au 11 septembre.

L’écrivain résidant au Canada, Hermes H. Benitez, dans son livre “Les morts du Président Allende” (Ril Editores, Santiago 2006) assure à la page 88 de son oeuvre que les dernières photos du Président qui a dirigé l’Unité Populaire, “ont été faites” par un dénommé “Freddy Alborta”. Et ce nom existe, curieusement, et il s’agit en plus d’un photographe. Mais c’est l’auteur vérifié des tout aussi célèbres photos de Che Guevara après son assassinat dans une école de la Higuera, en Bolivie, en octobre 1967.

Frank Manitzas, correspondant de la chaîne nord-américaine de télévision CBS à Santiago en 1973-74, a déclaré à cette époque que l’auteur des photos à l’intérieur de la Monnaie, dans la matinée du 11 septembre, “était un dénommé ‘David’, d’environ 40 ans, aux cheveux blancs et qui portait une fine moustache”. Orlando Lagos avait déjà les cheveux blancs à l’époque, mais il avait 60 ans et selon ce que m’a déclaré sa fille, Julia Ester, qui l’a soigné jusqu’aux derniers jours, “il n’a jamais eu de moustache ni fine ni épaisse”.

À l’extérieur

L’intention du photo-reporter était de quitter le pays au plus tôt à cette époque-là, et c’est pour cela qu’il aurait négocié rapidement les photos, inquiet pour sa sécurité personnelle. D’après Manitzas, “il s’est empoché la non négligeable somme de 12 mille dollars”. Mais Orlando Lagos n’a jamais reçu cet argent, déclare Julia Ester, “au contraire il est resté au pays en affrontant de grandes difficultés économiques jusqu’à ce qu’il pût voyager au Venezuela, seulement en 1975, et avec le billet qu’a dû lui acheter un ami, car il n’avait pas d’argent”.

En 1988, le souvenir du photographe “anonyme” est ressuscité dans un reportage d’un quotidien de Santiago, qui a publié en grand titre : “David est-il vivant ? Des journalistes français le recherchent au Chili pour lui rendre hommage.” Mais Lagos n’a donné aucun signe, même pas en plein Gouvernement de la Concertation.

Lorsqu’effectivement le Collège des Journalistes lui a rendu hommage, douze ans auparavant, en 1986, et en pleine dictature, utilisant la tribune de la Salle Amérique de la Bibliothèque Nationale, remplie de journalistes, d’étudiants en journalisme et de correspondants étrangers, “Chico” Lagos a insinué la vérité sur le poids énorme qu’il portait depuis 1973. Personne – sauf les plus intimes – n’a fait attention au clin d’oeil que contenaient ses paroles lorsqu’il a dit textuellement : “Le plus émouvant dans ma vie professionnelle fut le 11 septembre 1973, lorsqu’étant à la Monnaie, le Président Salvador Allende m’a demandé d’abandonner le Palais du Gouvernement, qui fut bombardé cinq minutes plus tard.”

Orlando Lagos ne pouvait en dire plus alors, lui qui avait pris les photos qui allaient devenir historiques seulement quelques heures avant les adieux d’Allende. Ceux-ci ont consisté en une ferme poignée de main. Il ne parlerait pas non plus en public sur ce sujet postérieurement. Mais sa famille la plus proche a toujours su qu’il était l’unique auteur de ces photos mémorables. Dans l’ultime période de sa vie, “Chico” Lagos est tombé dans les griffes de la maladie d’Alzheimer, aggravée depuis la fin 2005, et n’a plus jamais parlé de son exploit.

Dans cette chronique de La Nación du dimanche, on reconnaît pour la première fois de manière explicite dans le journalisme chilien et international, qu'Orlando Lagos Vasquez est le père des dernières photos d’Allende vivant, à l’intérieur de la Monnaie, le 11 septembre 1973. L’auteur de cette note, en exil, le savait depuis 1974, mais jamais auparavant il n’avait pu le publier, même lorsque révéler le secret n’aurait nui à personne... sauf, peut-être, à ceux qui avaient touché les 12 mille dollars au nom de “Chico” Lagos. Mais ceci n’était pas du domaine public jusqu’à aujourd’hui, dimanche 4 février 2007.

Il a refusé une maison

“Chico” Lagos fut le photographe personnel d’Allende pendant ses quatre campagnes présidentielles. Lorsque tous les deux sont arrivés à la Monnaie, en 1970, le Président a voulu lui offrir une maison. Mais le photo-reporter l’a refusée, indigné. Le plus qu’a obtenu le Président est qu’il accepte l’installation d’un téléphone dans son domicile de la rue Lord Cochranne. “Je suis fatigué de t’envoyer chercher en taxi chaque fois que j’ai besoin de toi”, s’est justifié le Président. Le 11 septembre 1973, Orlando Lagos est arrivé à pied jusqu’au siège du Gouvernement. Paru dans La Nación Domingo/Camilo Taufic



Traduction : Nadine BRIATTE, J.C. Cartagena

Notes du traducteur

(1) Les GAP (Grupo de Amigos Personales) sont des militants qui forment la garde personnelle de Salvador Allende.
(2) Soulèvement militaire du colonel Souper en juin 1973. Appelé Tancazo ou Tanquetazo, a été un coup d'Etat effectué contre le gouvernement de l' Unidad Popular du président Salvador Allende, au Chili. Il a eu lieu le 29 juin 1973. Le nom de « Tancazo » vient du fait que les rebelles ont massivement utilisés des tanks et autres véhicules de combats lourds. La résistance a été efectuée par les soldats du régime constitutionnel et par le Commandant en Chef de l'Armée Carlos Prats


« ALLENDE LA MÉMOIRE »


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Toile de Guillermo Nuñez
UNE EXPOSITION COLLECTIVE
Salvador Allende
Aux côtés de la toute nouvelle association "Allende 1908-2008", la Ville de Rennes célèbre le centenaire de la naissance de Salvador Allende : une exposition "Allende la mémoire" a été organisée fin janvier à la Maison internationale de Rennes, des conférences seront proposées, ainsi qu'un concert des Quilapayuns courant 2008.

AFFICHES DE L'UNITÉ POPULAIRE





Les années de l'Unité Populaire ont été le point culminant d'une grande effervescence culturelle et militante au Chili. En témoignent les "murales", ces fresques peintes sur les murs des villes chiliennes qui font partie de la culture politique populaire et constituent un témoignage graphique irremplaçable. A voir absolument l'exposition virtuelle sur les arts graphiques Breve Imagineria Politica durant la période de l'Unité Populaire (fresques murales, affiches…) est en ligne sur le site en espagnol.

COMPTE RENDU DE LA «SOIRÉE POLITIQUE ET CULTURELLE D’HOMMAGE À SALVADOR ALLENDE»


Une salle pleine a accueilli les différents intervenants, responsables politiques et diplomates, venus évoquer la pensée et l’œuvre du Président chilien et souligner l’actualité de son héritage.

la soirée a débuté par le dévoilement d’un grand portrait d’Allende, oeuvre du peintre Henri Muñoz-Horeau.

Mélina Cariz, maîtresse de cérémonie, a lu un message envoyé par Guillermo Teillier, Président du PCCh.

Jacques Fath, responsable des Relations internationales du PCF, a souhaité la bienvenue aux participants, excusé l’absence de la secrétaire nationale, Marie-George Buffet, retenue par le congrès de l'ANECR, et souligné l’actualité pour l’Europe de l’œuvre d’Allende.

En rappelant d’autres activités conjointes des communistes français et chiliens (la commémoration des trente ans du coup d’Etat et les hommages à Pablo Neruda et à Gladys Marin), le responsable communiste a montré la dimension qu’a encore aujourd’hui la figure d’Allende, un révolutionnaire qui occupe une place particulière dans l’histoire du siècle dernier.

J. Fath a fait ressortir la démarche unitaire de S. Allende pour construire un mouvement participatif, indépendant et populaire qui voulait, avec la participation des travailleurs organisés et grâce à de nouvelles institutions, établir une véritable démocratie ainsi que l’indépendance économique du pays.

D’après lui, les expériences progressistes qui surgissent en Amérique Latine (AL) «dignes héritières des idées défendues par S. Allende» soulèvent d’énormes espoirs. Ces rassemblements populaires, a-t-il ajouté, dont on commence à percevoir les fruits, sont en butte à l’agressivité des Etat-Unis, bien que le rapport de forces se soit incliné en faveur des peuples.

J. Fath a souligné la diversité de formes qu’adoptent ces mouvements émancipateurs, chacun suivant la route à son rythme, et révélateurs de la volonté profonde de transformation sociale des ces peuples qui ont survécu à de sanglantes dictatures.

Tout en rappelant l’état d’avancement de la lutte dans certains pays, le responsable communiste a salué la présence à la tribune de plusieurs personnalités, notamment celles de Madame Luzmila Carpio, ambassadrice de Bolivie, et de Leyde Rodriguez, conseiller politique de l’ambassade de Cuba.

Il a tenu à réaffirmer l’indéfectible solidarité du PCF envers le peuple cubain face au blocus américain et envers le peuple bolivien dans sa lutte émancipatrice pour établir une nouvelle constitution. Il a aussi exprimé ses vœux de succès aux forces révolutionnaires vénézueliennes lors des prochaines élections régionales.

En évoquant les prochaines élections chiliennes, municipales en octobre 2008 et présidentielles en décembre 2009, J. Fath a dénoncé l’injuste loi binominale et a souhaité, aussi bien pour le Chili que pour la France, l’instauration d’élections à la proportionnelle.

Finalement, J. Fath, en saluant les participants à la table ronde, a rappelé l’attachement des communistes à cette page d’histoire qui a été écrite par l’Unité Populaire (UP). Et il nous a invités, comme S. Allende, à écrire l’histoire tous ensemble.

Après une brève mais chaleureuse intervention d’Odette Baltra, fille de Mireya Baltra, ancienne ministre du Travail de Salvador Allende, l’animateur de la rencontre, Obey Ament, responsable des Relations internationales pour l’Amérique Latine (AL) du PCF, a tour à tour offert la parole aux intervenants.

Fernando Valenzuela, responsable du Parti communiste du Chili en France, souhaite la bienvenue aux participants au nom de son organisation.

En cette année du centenaire de S. Allende, selon F. Valenzuela, les nombreux hommages partout dans le monde ont placé la figure du Président à sa juste mesure, après des années de silence dans son propre pays. L’œuvre d’Allende au-delà du gouvernement populaire est essentiellement un acte politique du futur car il s’est toujours appuyé sur le peuple et encore plus sur les travailleurs organisés au sein de la Centrale Unique des Travailleurs (CUT).

Le responsable communiste a insisté sur le fait que l’unité de classe a permis la création d’alliances politique progressistes telles que l’Unité Populaire basée sur les deux partis ouvriers, Communiste et Socialiste.

En conclusion, il a mis en évidence que l’héritage d’Allende doit être étudié et analysé car il peut servir d’exemple d’unité et d’action en recherchant de nouvelles formes de participation populaire.

Luzmila Carpio Sangueza, ambassadrice de Bolivie en France, a déclaré d’emblée qu’Allende, en nous montrant le chemin de la lutte populaire vers la liberté et la démocratie, faisait partie de “la gauche propre qui ne transige pas”, mais surtout qu’il nous a appris à devenir autonomes.

Mme l’ambassadrice a rejeté l’impunité des dictateurs, notamment de l'ex-président néolibéral Gonzalo Sánchez de Lozada, responsable de la mort de 63 Boliviens. Elle soulève les graves problèmes qui se posent actuellement en Bolivie, la droite fasciste de Santa Cruz refusant, par la violence et les armes, de partager les richesses avec le reste du pays. Cette situation fait l’objet, d’après Mme Carpio, de la préoccupation des amis latino-américains, mais elle reste optimiste car la Bolivie peut compter sur l’appui de l’ensemble des pays du sous-continent groupés dans l’Unasur et aussi parce que l’expérience bolivienne ne concerne pas uniquement ce pays mais tout le monde. Tout le monde, dit-elle, car il faut regarder la Bolivie comme un camarade de lutte puisque le peuple bolivien aujourd’hui s’organise et se bat pour améliorer ses conditions de vie.
Elle a finalement manifesté la volonté du gouvernement de récupérer les ressources naturelles au profit du peuple et de refonder le pays à travers l’établissement d’une nouvelle Constitution.

«Evo est le Président d’une multitude qui s’autogouverne» a affirmé la représentante du peuple bolivien, en invitant à crier tous ensemble « plus jamais la dictature ! ».


Jack Ralite, ancien ministre, sénateur du Parti Communiste Français, commence son intervention en déclarant que le suicide d’Allende était un acte de dignité historique. Après avoir rappelé les circonstances du terrible coup d’Etat de Pinochet, il a remémoré les conditions de l’enterrement de Neruda, quelques jours après. Le sénateur s’est souvenu des morts, des prisons, notamment du stade national de Santiago, et l’arrivée des Chiliens survivants en France, leur installation dans les villes de gauche telles que Pantin ou Colombes, où il y a eu d’importantes communautés.

M. Ralite a évoqué le souvenir de l’un d’entre eux, Sergio Ortega, le compositeur de «El pueblo unido» qui a vécu en Seine-Saint-Denis et dirigé le Conservatoire de musique de Pantin. Il a aussi parlé de Carmen Hertz, l’épouse d’un disparu avec laquelle des activités ont été organisées. Ou encore il s’est souvenu de José Balmes, au moment de l’organisation de «Chile crea» en 1987, une initiative pour la vie, la civilisation et la culture.

Selon M. Ralite, aujourd’hui les pays qui ont pris le chemin de processus progressistes en Amérique Latine, interpellent les pays européens, notamment la France, car à travers eux l’héritage d’Allende se réalise.

Il a fini son allocution en invitant les participants au débat à défendre et mettre en oeuvre cet héritage car, dit-il, «nous serions inaccomplis» en ne le faisant pas.

Antoine Blanca, diplomate et historien, a précisé qu’il intervenait dans cette réunion en tant que représentant officiel du PSF.

M. Blanca qui a suivi de près le parcours du gouvernement populaire, rappelle que la première destination de F. Mitterrand nouvellement élu secrétaire général du PSF fut le Chili d’Allende car il représentait le symbole de l’union de la gauche.

La lutte pour la libération des prisonniers politiques après le coup d’Etat, d’après M. Blanca, et l’engagement de tous les secteurs de la gauche française, y compris les chrétiens, contre les crimes de Pinochet, a été un temps fort de la solidarité.
Il a rappelé l’énorme manifestation de 60.000 personnes organisée dans l’urgence par les instances politiques devant l’ambassade du Chili. L’un de ses souvenirs impérissables reste sa participation à l’enterrement de Pablo Neruda au cimetière de Santiago, qui constitue un des premiers actes de résistance contre le régime, au risque, pour les nombreux présents, de perdre la liberté, voire la vie. Il a aussi évoqué son amitié personnelle avec le chanteur Victor Jara, pour rappeler par la suite le rôle joué à l’époque par l’ambassadeur de France au Chili, M. De Menton, qui n’a pas hésité à ouvrir les portes de l’ambassade aux persécutés.

D’après M. Blanca le symbole de S. Allende se retrouve dans tous les événements émancipateurs en cours aujourd’hui en AL dont Allende serait fier. Il regrette cependant de ne pas retrouver, ni au Chili, ni en France, toute l’émotion et l’enthousiasme de cette époque et propose de soutenir sans tarder ces processus en se demandant s’il « faut attendre qu’il y ait des assassinats de démocratie pour réagir».

Leyde Rodriguez Hernandez, conseiller politique de l’ambassade de Cuba en France, a évoqué ce qu’Allende représentait pour le peuple cubain et la douleur ressentie à sa disparition. Il a retracé les visites et rencontres entre le peuple cubain et S. Allende. Déjà en janvier 1959, Allende était à La Havane, par la suite il est revenu en 1966 à l’occasion de la Tricontinentale et en 1972, en tant que Président du Chili, de retour de l’ONU.

M. Rodriguez Hernandez a poursuivi en rappelant qu’Allende, en 1968, avait accompagné les survivants de la guérilla du Che jusqu’à leur arrivée à Tahiti pour les confier personnellement à l’ambassadeur cubain en France.

En soulignant le courage, l’humanisme, la solidarité, la fidélité au marxisme et au socialisme d’Allende, le représentant cubain a affirmé que ces qualités lui ont coûté l’hostilité et l’agressivité de l’empire américain.

Selon M. Rodriguez., le triomphe électoral d’Allende en septembre 1970 est devenu le paradigme de l’ascension au pouvoir d’un gouvernement tourné vers le socialisme.

M. Rodriguez a constaté que ceux qui ont organisé le coup d’Etat contre Allende sont les mêmes qui ont attenté plus de 600 fois à la vie de Fidel, qui ont tenté un coup d’Etat contre Chavez en 2002, qui ont organisé le génocide dans la province de Pando en Bolivie, et qui mènent des actions terroristes contre Cuba.

Les peuples d’AL se réveillent de 200 ans de soumissions, a-t-il poursuivi, et l’héritage d’Allende est plus d’actualité que jamais car il représente la tradition de lutte du peuple latino-américain. Il constate aussi que l’impérialisme a perdu du terrain et que les conditions de lutte sont plus favorables aux peuples.

Cuba, fidèle à sa tradition internationaliste, a-t-il affirmé, n’a jamais faibli depuis dans la solidarité, même dans des conditions difficiles. Cuba, en résistant, espère que le XXI siècle verra triompher les idées d’Allende, du Che, de Morales, de Chavez sur le continent, a-t-il déclaré pour terminer.

René Piquet, ancien député européen, ancien vice-président du Groupe Gauche Unitaire Européenne- Gauche Verte Nordique (GUE-GVN), a affirmé que l’expérience chilienne est une histoire d’actualité, de générosité et d’unité.

M. Piquet a rappelé qu’il a été le dernier dirigeant communiste français à se rendre au Chili avant le coup d’Etat de Pinochet, ce qui lui a permis de vivre la combativité, l’unité, l’enthousiasme des gens. Il a également fait remarquer que l’histoire est un legs que nous recevons et qui nous aide à prendre des décisions.

Il a souhaité faire ressortir plusieurs points liés aux expériences politiques comme celle de l’UP. Tout d’abord, il a noté que rien ne se fait, dans le combat politique, sans l’engagement des peuples, des gens. Cette présence, a-t-il insisté, est l’essentiel, tandis que les partis ou autres organisations ne représentent que des moyens. Ensuite, a-t-il dit, la violence et la dictature sont toujours imposées par les classes privilégiées et de là le combat pour la démocratie devient essentiel car il crée les liens entre les gens et permet à chacun de s’exprimer. Le besoin de transformation, a continué M. Piquet, est toujours d’actualité.

Finalement M. Piquet a soutenu que la fragilité est propre au monde actuel et que la démonstration faite par le capitalisme de son incapacité à résoudre ses problèmes souligne encore plus la nécessité de changer de système pour construire un autre monde.

Alexis Corbière, premier adjoint à la mairie du 12ème arrondissement de Paris et représentant le sénateur Jean-Luc Mélenchon, apporte les salutations de celui-ci aux participants au débat.

Pour M. Corbière, l’histoire de la lutte d’Allende représente une pierre dans l’histoire des luttes émancipatrices. Une des leçons à tirer de l’exemple chilien est, selon M. Corbière, l’union de toutes les forces politiques de gauche, y compris en dehors de l’Unité Populaire, c'est-à-dire, le MIR.

L’expérience de l’Unité populaire d’Allende est, d’après M. Corbière, exemplaire en plusieurs points, y compris pour la France. D’abord la mobilisation populaire qui assure les voix électorales, ensuite l’union des forces de gauche, qui met l’accent sur la question sociale sans laquelle aucune force politique d’envergure et stable ne pourra être créée. Enfin, il met en valeur la mise en place d’une politique de développement culturel par le gouvernement de l’Unité Populaire.

Armando Uribe Echeverria, Président du Parti Socialiste du Chili en France, a débuté son intervention en affirmant que cet hommage à Allende était très émouvant.

Il a ensuite raconté son périple, au moment du coup d’Etat, depuis Beijing, où son père était diplomate, nommé par Allende, jusqu’à son arrivée à Paris. C’est en France qu’il s’est abreuvé aux sources de la république et de la révolution française.

M. Uribe a, par la suite, développé son hypothèse sur la nation chilienne. Il a notamment souligné que la nation chilienne a eu l’occasion d’exister très peu de fois dans l’histoire. Il a identifié trois moments depuis l’Indépendance du pays : en 1890 lors des grands mouvements sociaux, au moment de la création des partis politiques populaires (radical, communiste, socialiste) au début du XXème siècle, et à la fin des années 30 lors de l’ascension de Pedro Aguirre Cerda au gouvernement. D’après M. Uribe, l’identité de la nation chilienne a été réveillée par les campagnes électorales et l’élection d’Allende à la Présidence. Dans ce sens, selon M. Uribe, Allende est un grand patriote car il a participé à la création de cette nation, une raison supplémentaire pour vouloir le supprimer, par la force, et jusqu’à son souvenir.

Aujourd’hui au Chili, a-t-il poursuivi, après avoir écarté Pinochet de la Présidence par une négociation nécessaire en 1989, la fracture politique ne fait que croître. Ceci, a-t-il continué, souligne le besoin urgent de retrouver une vie politique et démocratique dans le pays. C’est avec cet objectif, a finalement annoncé M. Uribe, qu’arrive le récent document unitaire signé par pratiquement tous les partis politiques anciennement membres de l’Unité Populaire.

Des messages de salutations ont été lus au cours de la soirée par la maîtresse de cérémonie :

de Mario Figueroa, avocat, professeur universitaire membre du Parti Socialiste Chilien,
d’ Olivier Duhamel, juriste, professeur de Droit à Sciences Po, journaliste.

La soirée s’est poursuivie par un acte culturel sous la grande coupole de l’édifice conçu par Oscar Niemeyer.

Michael Batz, directeur artistique du festival « Allende 100 », a pris la parole pour se rappeler avec émotion de deux moments qui ont marqué sa vie : l’élection du Président S. Allende et le jour du coup d’Etat de Pinochet.

Cette partie culturelle a vu la participation du groupe Trio Sans Frontières de Polo Gomez et du groupe de Libercanto. Des extraits de textes de Neruda ont été lus, entre les présentations musicales, par Quentin Bouissou et Adrien Le Ray.

Un vin d’honneur a été offert aux participants pour clore cette initiative à laquelle ont pris part plus de deux cent cinquante personnes.

Juan Carlos Cartagena.

mardi 27 juin 2017

QUAND ALLENDE SAUVAIT LES COMPAGNONS D'ARMES DU CHE

Nous sommes en 1967, et le "Che" vient de mourir assassiné en Bolivie, le 9 octobre. Ses compagnons d'armes cherchent un refuge, un asile. Episode méconnu, c'est au Chili qu'ils vont le trouver, grâce à l'intervention du leader de gauche chilienne Salvator Allende. Il va aller jusqu'à accompagner les guérilleros à Tahiti, où ils seront remis aux autorités françaises, avant d'être envoyés à Cuba.

Largement oublié, ce chapitre de l'histoire de Salvador Allende montre bien la situation difficile, tant sur un plan personnel que politique, de celui qui a tenté la transition vers le socialisme en respectant les institutions et la démocratie.
Après s’être cachés durant quatre mois dans la forêt vierge bolivienne, les trois rescapés du combat de la "Quebrada del Yuro", le 8 octobre 1967, ont un seul objectif: rentrer à Cuba le plus rapidement possible. L'exportation de la lutte armée en Amérique du sud a du plomb dans l'aile, et l'idée première des Cubains, à savoir d'installer la guérilla sur le continent, est abandonnée. Les fugitifs ne peuvent ni passer par le Pérou, ni par l'Argentine ni même encore par le Brésil, où ils sont recherchés. Leur seule option : le Chili, et Salvador Allende, qui en plus d'être un ami du "Comandante" Guevara, préside l'Organisation latino américaine de solidarité (Olas), qui promeut et soutient les mouvements révolutionnaires dans la région.

Allende s'engage donc à aider les révolutionnaires en déroute: "C'est le moins que je puisse faire en mémoire de Guevara", expliquera-t-il plus tard. Mais le plan qui consistait à les récupérer à la frontière entre le Chili et la Bolivie échoue, malgré un dispositif important (100 personnes sont envoyées tout au long de la frontière pour les récupérer, parmi lesquels Beatriz Allende, fille et secrétaire de Salvador Allende). Les guérilleros rentrent tout de même au Chili, mais sont immédiatement arrêtés par les autorités locales, puis transférés à Santiago. Le Président de la République de l'époque, le démocrate chrétien Eduardo Frei Montalva, un anticastriste farouche, est sous un feu nourri de pressions contradictoires: d'un côté, la Bolivie veut l'extradition des Cubains pour les juger; de l'autre, la gauche chilienne soutient les compagnons de route du Che. Allende organise alors une campagne de presse de grande envergure. Finalement, le gouvernement Frei cède, et accepte d'envoyer les révolutionnaires à Cuba.

Le Chili et la France, pays voisins

Reste à régler le problème du trajet de retour des guérilleros. Car aucun des pays voisins du Chili n'autorise leur avion à survoler ses terres. Ramon Huidobro, à l'époque Directeur de cabinet de Gabriel Valdez, ministre des Affaires étrangères de Frei, raconte la réunion où tout s'est joué : "A un moment, j'ai pris la parole pour expliquer que la seule solution était de remettre les guérilleros à la France, pays avec lequel le Chili avait une frontière commune. Tout le monde m'a regardé comme si j’étais fou, mais au final c'est mon idée qui a été retenue". Car si les deux pays semblent très éloignés, l'île de Tahiti et l'île de Pâques, rattachée au Chili, sont bien voisines. Le gouvernement chilien affrète donc un avion, et pour s'assurer de leur sécurité, Salvador Allende accompagne les guérilleros du Che jusqu'à Tahiti. Un voyage qui va lui coûter cher, "parce qu'il lui a ouvert un flanc de critique fort sur sa droite", explique un de ses anciens conseillers.

"Personne n'a jamais compris le geste humain de Salvador. Il n'a jamais subi d'attaques plus dures, les journaux l'accusaient d'avoir détruit le prestige du Sénat en s'affichant avec des guérilleros", dira plus tard sa femme, Hortensia Bussi. Car si Allende a toujours refusé la voie armée comme méthode politique pour accéder au pouvoir, son comportement envers les guérilleros fait tâche d'huile. La droite cherche à le faire destituer constitutionnellement, et l'opposition s'en donne à coeur joie. Allende, lui, ne s'en soucie guère, et si sa femme est "indignée par les réactions", lui, "fait des blagues, et rit de cette histoire".

"A Salvador, qui par d'autres moyens cherche à obtenir le même objectif"

Lors de sa première rencontre avec le Che à Cuba, peu de temps après la révolution des Barbus, Allende se voit offrir un livre par le révolutionnaire, son "Manuel de la Guérilla", avec cette dédicace: "A Salvador, qui par d'autres moyens cherche à obtenir le même objectif". Une dédicace qu'Allende exhibe avec fierté à ses proches, et révélatrice de ce combat idéologique qui fait rage au sein de la gauche sud-américaine des années 60: le fusil ou le bulletin de vote. Et s'il a lui opté pour un autre chemin, il se sent solidaire de ses camarades de lutte, même s'ils n'ont pas choisi les mêmes armes que lui. Allende accédera ainsi au pouvoir par les urnes, avant d'être renversé par les armes trois ans plus tard.

Thomas Huchon

SALVADOR ALLENDE ET DES PERSONNALITÉS

AFFICHES DE L'UNITÉ POPULAIRE



Les années de l'Unité Populaire ont été le point culminant d'une grande effervescence culturelle et militante au Chili. En témoignent les "murales", ces fresques peintes sur les murs des villes chiliennes qui font partie de la culture politique populaire et constituent un témoignage graphique irremplaçable. A voir absolument l'exposition virtuelle sur les arts graphiques Breve Imagineria Politica durant la période de l'Unité Populaire (fresques murales, affiches…) est en ligne sur le site en espagnol.

EL MUSEO DE LA SOLIDARIDAD SALVADOR ALLENDE

El Museo de la Solidaridad Salvador Allende reabre sus puertas en un sitio simbólico de la dictadura. Una renovación posible, en parte, gracias al apoyo de la región Isla de Francia.

En la entrada del museo, una escultura futurista, en plexiglás y neón, rinde homenaje a Salvador Allende. ¡Y le hace una buena morisqueta a la CNI! La policía secreta de la dictadura militar había instalado sus cuarteles en este mismo sitio, en el 475 de la calle República. En esta linda casa de los años 20, después de 35 años de tumultuosa historia, el museo encontró al fin su morada.

En 1971, un grupo internacional de artistas, entre los cuales Luís Aragón, se encuentran en Chile. En signo de solidaridad con la experiencia socialista, deciden donar entonces sus obras al país. En dos años, se recolectarán más de 700 obras. Algunos meses más tarde, el golpe de estado viene a truncar la experiencia. En fin, casi, ya que un poco en todas partes del mundo, artistas y exiliados chilenos se reagrupan para continuar la recolección de obras. En varios países se abren Museos de la Resistencia, y todos se comprometen a enviar las piezas a Chile una vez restablecida la democracia. Esto se realiza en 1990. El “Museo de la Solidaridad” renace de sus cenizas, bajo la administración del presidente Aylwin. Pero hace algunos años, la casa de la calle Herrera empezó a mostrar signos de vejez. De allí la decisión de cambiar el museo a calle República, a un edificio completamente renovado por el arquitecto Miguel Lawner.

Una colección de 2800 obras

Un proyecto de más de un millón de euros, que la región Isla de Francia ha financiado en un 40%. Este apoyo se inscribe en el marco de una cooperación de diez años entre la región Isla de Francia y la región Metropolitana de Santiago. Iniciada hace un año y medio con motivo de un encuentro entre Isabel Allende, la hija del extinto presidente, el proyecto interesa particularmente a Jean Paul Huchon, que vino especialmente a Santiago para la inauguración. El actual presidente socialista de la región parisina se encontraba en Santiago el 11 de septiembre de 1973, de visita con un grupo de estudiantes socialistas. “Para un militante de izquierda eso es un recuerdo imborrable. Para nosotros, ha habido Jaurès, Blum y Allende”, ha declarado Jean Paul Huchon.

El museo abarca ahora 1800 metros cuadrados. Por ahora, sólo 88 de las 2800 obras legadas por la Fundación Allende están expuestas al público. Estas muestran un verdadero panorama del arte contemporáneo mundial, de los años 1950 a los años 1980, de Joan Miró a Antoni Tapies, pasando por Pierre Soulages.

Emmanuelle Michel

CHILI PAYS SISMIQUE

Entre la violence sociale et la violence naturelle le parallèle n'est pas gratuit, chaque Chilien le sait ou le pressent. Les avions que ce jour-là ont fait trembler la ville de Santiago et exploser le Palais présidentiel ont très vite annoncé la conception sismique que Pinochet se faisait du pouvoir.
Palais de La Moneda en flammes

La terreur policière et la violence sismique bouleversent le lien social de la même manière. Proche, voisin, ami, les ponts sont coupés, chacun est seul face à un pouvoir aveugle. La dissolution du lien social est le premier objectif de la terreur policière. Le groupe n’est d’aucun secours, chacun est seul comme face à la mort. La société imite la nature dans sa gestion du désastre. Dans les deux cas, la violence est d’autant plus redoutable que les lois qui la régissent restent opaques. Quand ? Qui ? Pourquoi ? Personne n'en sait rien. Le pouvoir est arbitraire. Il peut s'exercer à l'improviste au milieu de la nuit, vous cueillir dans l'endroit le plus secret, personne n'est à l'abri, son onde de choc traverse les frontières. Les femmes et les hommes qui ont osé le braver finissent soit broyés par la machine soit rejetés de l’autre côté de l’ocean. Cette terreur aveugle génère à la longue une forme de fatalisme qui conduit à la passivité.

La mise en scène d'un pouvoir écrasant a frappé les esprits dès les premières heures du putsch. Le bombardement du Palais de la Moneda n'avait pas d'autre but, frapper le sommet de l'état dans la personne de Salvador Allende dont cette année nous commémorons le centenaire, mais surtout frapper les imaginations, en rejouant le scénario traumatique des tremblements de terre. Le pouvoir militaire devant être ressenti désormais comme une force tellurique contre laquelle il est impossible de lutter.

Le tremblement de terre qui fut le putsch du 11 septembre 1973 et l’instauration du premier modèle néo-libéral a marqué le pays en profondeur. En effet, c’est ce modèle imposé à feu et à sang qui est resté hégémonique jusqu'au jour d'aujourd’hui, et c’est en son nom que toutes les exactions du régime Pinochet ont été justifiées.

L’émergence d’un nouveau pouvoir économique, d’une nouvelle classe d’affaires proche du cercle étroit des militaires a pu ainsi s’épanouir sans contrepoids, sur une terre ravagée par la répression et tétanisée para la terreur. Dans le jargon cher aux économistes de l’époque, on a appelé ces séquelles le «coût social», terme qui recouvrait le chômage de masse, l’iniquité et l’arbitraire, mais aussi les morts, les disparitions, les tortures. En un mot l’ignominie.


La recherche et le jugement de coupables reste encore en attente. Le report du procès en France contre les responsables de la disparition des quatre français sous la dictature, nous inquiète, tout comme la fermeture du procès qui avait pour but l’éclaircissement de l’assassinat de Victor Jara à Santiago du Chili.

Un juge chilien a refermé jeudi le dossier du meurtre de Victor Jara mais la famille de ce chanteur engagé, tué il y a 35 ans sous la dictature d'Augusto Pinochet, a protesté parce qu'elle estime que tous les responsables n'ont pas été poursuivis. « C'est incroyable, je ne m'attendais pas à cela », s'est insurgée la danseuse britannique Joan Jara, veuve du chanteur. « Cela m'inquiète beaucoup qu'un cas aussi emblématique soit refermé de la sorte. Qu'adviendra-t-il des autres cas du stade du Chili de Santiago ? » Les avocats de la famille ont annoncé qu'ils feraient appel.

Une bonne nouvelle secousse à provoqué l’arrestation d’une centaine d'ex-agents de Pinochet.

Une centaine d'anciens soldats et membres de la police secrète d'Augusto Pinochet, la Dina, ont été arrêtés, lundi 26 mai 2008, au Chili, dans le cadre d'une enquête sur l'enlèvement et l'assassinat de quarante-deux personnes, au début de la dictature, au cours de l'opération Colombo. Un dossier pour lequel l'ancien dictateur avait perdu son immunité. Mort en 2006, Augusto Pinochet n'a jamais répondu de ses actes devant les tribunaux.

ALLENDE PAR ALLENDE


Je pense que l’homme du XXIème siècle doit être un homme qui ait une conception différente, une autre échelle de valeurs, un homme qui ne soit pas motivé essentiellement et fondamentalement par l’argent, un homme qui pense que pour la richesse existe une dimension différente, dans laquelle l’intelligence soit la grande force créatrice.


Salvador Allende.
J’appartiens à une famille qui a été présente dans la vie publique pendant beaucoup d’années. Mon père et mes oncles, par exemple, furent des militants du Parti Radical, lorsque celui-ci était un parti d’avant-garde. Ce parti est né les armes à la main, en luttant contre la réaction conservatrice. Mon grand-père, le docteur Allende Padin, sénateur radical, vice-président du Sénat, a fondé au siècle dernier (XIXème) la première école laïque du Chili. A cette époque il était, par ailleurs, sérénissime grand maître de l’ordre maçonnique, ce qui était plus dangereux que d’être militant du Parti Communiste aujourd’hui.

Bientôt, malgré mon appartenance à une famille de la moyenne bourgeoisie, j’ai abandonné la province, Valparaiso, et je suis venu étudier la médecine à Santiago. Les étudiants de médecine à cette époque avaient les prises de position les plus avancées. Nous nous réunissions pour discuter de problèmes sociaux, pour lire Marx, Engels, les théoriciens du marxisme.

Salvador Allende enfant

Je n’ai pas fréquenté l’Université en cherchant anxieusement un diplôme pour gagner ma vie. J’ai toujours milité dans les secteurs estudiantins qui luttaient pour la réforme. J’ai été expulsé de l’Université, arrêté et jugé, avant d’être médecin, par trois cours martiales. J’ai été libéré, envoyé au nord du Chili et ensuite j’ai commencé à Valparaiso ma carrière professionnelle.

J’ai rencontré beaucoup de difficultés car, bien que j’aie été un bon étudiant diplômé avec une haute qualification, je me suis présenté, par exemple, à quatre concours, dans lesquels j’ai été le seul candidat et, cependant, les postes sont restés vacants. Pourquoi ? A cause de ma vie d’étudiant.

A Valparaiso j’ai dû travailler durement, dans le seul poste que j’ai pu occuper : celui d’assistant d’anatomie pathologique. Avec ces mains, j’ai fait mille cinq cents autopsies. Je sais ce que veut dire aimer la vie et je connais les causes de la mort.

Lorsque je finissais ma journée de travail de médecin, je me consacrais à organiser le Parti Socialiste de Valparaiso. Je suis fier d’avoir maintenu, depuis que j’étais étudiant jusqu’à ce jour, une ligne, un engagement, une cohérence. Un socialiste ne pouvait être sur une autre barricade que celle sur laquelle j’ai été toute ma vie.

En vérité, j’ai subi l’influence dans ma formation d’un vieux cordonnier anarchiste qui vivait en face de chez moi lorsque j’étais lycéen. Par ailleurs, il m’a appris à jouer aux échecs. Après la fin de mes cours, je traversais la rue et j’allais bavarder avec lui. Mais comme c’était un homme brillant, non seulement il m’a développé ses points de vue, mais il m’a aussi conseillé de lire certaines choses. Et j’ai commencé à le faire. Lorsque je suis allé à l’Université, il y avait, là-bas, une inquiétude majeure, et en même temps nous, les étudiants en médecine, représentions le secteur le moins fortuné, pas comme les avocats : les avocats, en tant qu’étudiants, formaient une partie de l’oligarchie. Je dis ceci car il y a ici trois avocats chiliens.

En plus, je venais de la province et depuis cette époque j’ai commencé à voir la différence qui existait entre l’Université et la vie. Lorsque j’ai été médecin les choses se sont clarifiées. Je ne suis pas un grand théoricien marxiste, mais je crois en ses fondements essentiels, aux piliers de cette doctrine, au matérialisme historique, à la lutte de classes.

Mais je pense que le marxisme n’est pas une recette pour faire des révolutions ; je pense que le marxisme est une méthode pour interpréter l’histoire. Je crois que les marxistes doivent appliquer leurs concepts à l’interprétation de leur doctrine, tenir compte de la réalité et plus particulièrement de la réalité de leurs pays. Par exemple, en 1939 j’ai été aussi marxiste que maintenant et j’ai été, pendant trois ans, ministre de la Salubrité d’un gouvernement populaire (1). J’ai été fondateur du Parti Socialiste, qui est un parti marxiste, et je dirige depuis deux ans le gouvernement (2). Mais je l’ai déjà dit : je ne suis pas président du Parti Socialiste et mon gouvernement n’est pas un gouvernement marxiste.

J’ai été candidat quatre fois : en 51 pour montrer, pour enseigner, pour faire comprendre qu’il existait un chemin différent de celui qui était établi, y compris par le Parti Socialiste, duquel j’ai été expulsé à partir de ce moment pour ne pas avoir accepté sa ligne. Expulsé du Parti Socialiste, je suis entré en contact avec un Parti Communiste qui était dans l’illégalité. Et c’est ainsi qu’est né l’embryon de ce qui est aujourd’hui l’Unité Populaire : l’alliance socialiste-communiste. Un petit groupe socialiste que je représentais et les communistes qui étaient dans l’illégalité.

En 1951 j’ai parcouru tout le Chili sans aucune illusion électorale, mais pour dire au peuple que la grande possibilité consistait dans l’unité des partis de la classe ouvrière, y compris avec des partis de la petite bourgeoisie. La force de cette idée, née en 1951, s’est manifestée de manière puissante en 1958.

En 1958 j’ai perdu les élections pour 30 mille voix. En 1964, nous aurions vaincu s’il y avait eu les trois candidats. Mais le candidat de droite qui était radical, s’est pratiquement retiré et nous sommes restés Monsieur Frei et moi. Et la droite a appuyé Frei.


Avec ceci je veux souligner que, pendant beaucoup d’années, j’ai eu un dialogue constant et permanent avec le peuple à travers les partis populaires. Et dans cette dernière campagne, en organisant les comités de l’Unité Populaire dans chaque fabrique, dans les casernes, dans les rues, partout nous avions constitué des comités, dans les écoles, les lycées, les usines, les hôpitaux. Ces comités ont été les véhicules, les contacts, les tentacules de la pensée de l’Unité Populaire, le lien avec le peuple.

C’est pour cela que, bien que les moyens d’information aient été autant restreints, nous avons pu parvenir à la victoire d’aujourd’hui. On peut utiliser, ici, une expression non politique mais claire : la récolte de la victoire est le fruit de l’ensemencement de beaucoup d’années. En 1958, le FRAP –qui s’appelait alors comme ça : Front d’Action Populaire- a triomphé dans l’électorat masculin. J’ai gagné chez les électeurs masculins mais perdu dans l’électorat féminin.

En 1964, en dépit de l’appui que reçut Frei des secteurs de la droite, nous sommes restés à égalité dans l’électorat masculin. Mais il m’a battu par un pourcentage très élevé chez les femmes. Après cela, en 70, la vérité est qu’Alessandri et Tomic ont obtenu plus de voix que moi en proportion chez les femmes. J’ai gagné de loin chez les hommes.

Il faut dire qu’en 58, les conditions étaient différentes. L’Unité Populaire, à cette époque, était représentée surtout par des socialistes et des communistes. Et même si nous avions gagné - grâce au vote masculin - la composition du Congrès était différente de l’actuelle. Les partis Conservateur, Libéral et Radical avaient la majorité. Il n’y avait aucune possibilité, même avec l’appui démocrate-chrétien, que je puisse vaincre au Congrès.

Tout, absolument tout, était prêt au Chili, pour assurer la victoire d’Alessandri. En plus il existait une tradition selon laquelle le Congrès a toujours confirmé le vainqueur des élections. Combien c’était difficile d’imaginer qu’un Congrès, où nous n’avions pas la majorité, aurait pu rompre avec cette tradition pour élire - en 1958 - un candidat socialiste appuyé exclusivement par le Parti Communiste. Si nous avions lancé le peuple dans la lutte, une violente répression se serait déclenchée.

Même s’il est vrai que le Président Ibañez a exprimé personnellement de la sympathie envers ma candidature, il n’est pas intervenu, et ne m’a pas appuyé de façon décisive. Et je ne l’avais pas demandé. Il n’y avait aucune condition, aucune possibilité concrète.

Maintenant, je crois que nous avons fait preuve de conscience politique. Cette même nuit j’ai dit aux travailleurs que nous avions perdu une bataille mais que nous n’avions pas perdu la guerre. Et que nous devions continuer à nous préparer. Je crois que ce précédent, entre autres, est ce qui me permet maintenant d’avoir une autorité morale. Les gens savent que je suis un politique réaliste et que, par ailleurs, je tiens mes promesses.



Il y a plus de trente ans, il m’a été donné de participer de façon active à l’érection du Front Populaire, mouvement unitaire de gauche qui, avec le sacrifice des aspirations légitimes des partis de la classe ouvrière - comme le Socialiste - a rendu possible le triomphe du Président Pedro Aguirre Cerda, au sein du gouvernement duquel j’ai eu l’honneur d’être ministre de la Salubrité en tant que militant de mon parti.

En 1952, dans des moments difficiles pour la classe ouvrière et ses organisations politiques, j’ai fait face à la dure tâche de diriger un mouvement d’éclaircissement idéologique en assumant sa représentation dans une élection sans aucune possibilité de succès.

En 1958 et 1964, le processus initié en 1951 s’étant renforcé, il m’est revenu de représenter le Front d’Action Populaire dans deux campagnes présidentielles, qui, bien qu’elles n’aient pas abouti à la conquête du pouvoir, ont contribué à clarifier de manière décisive et à élargir le processus révolutionnaire.

L’effort pour unifier les partis populaires a maintenant une importance encore plus éminente.

L’Unité Populaire se propose comme l’alternative d’un gouvernement différent, elle est la conquête du pouvoir par le peuple, justement après que le pays ait expérimenté l’échec du réformisme démocrate-chrétien et lorsque sont encore visibles les résultats du régime antérieur, inspirés tous les deux par le capitalisme traditionnel.

Le panorama international nous montre l’urgence d’affronter l’intrusion impérialiste, chaque jour plus insolente et traduite par le renforcement des forces répressives et contre-révolutionnaires, ce qu’indique graphiquement le rapport du gouverneur Rockefeller.

Bolivar disait : «Les Etats-Unis veulent nous maintenir dans la misère au nom de la liberté». Et Marti a dit des phrases beaucoup plus dures. Je ne veux pas les répéter, car en réalité je fais la distinction entre le peuple nord-américain et ses penseurs et l’attitude parfois passagère de certains de ses gouvernants et la politique du Département d’Etat et les intérêts privés qui ont compté avec l’appui nord-américain.

En réalité, la doctrine Monroe a consacré un principe : « L’Amérique aux Américains ». Mais celui-ci n’a pas été efficacement observé, car en Amérique du Nord, il y a un développement qui n’existe pas en Amérique centrale ni en Amérique du Sud. Le problème n’a pas été résolu sur la base de l’égalité des intérêts. Défendre le principe de « l’Amérique aux Américains» à travers la doctrine Monroe a toujours voulu dire «l’Amérique aux Nord-américains ».

Nous connaissons bien le drame de l’Amérique du Sud, qui en étant un continent potentiellement riche, est un continent pauvre, fondamentalement victime de l’exploitation des capitaux privés nord-américains.

Nous luttons essentiellement pour l’intégration des pays latino-américains. Nous croyons juste le chemin indiqué par les pères de la patrie qui ont rêvé de l’unité latino-américaine pour pouvoir disposer d’une voix continentale face au monde. Ceci n’empêche naturellement pas que nous regardions non seulement avec de la sympathie, mais aussi en profondeur, le sens de la présence de la pensée du Tiers Monde. Je pourrais synthétiser ma pensée en réponse à votre question en disant que nous luttons avant tout pour faire de l’Amérique un authentique continent dans ses réalisations et pour nous lier chaque fois plus avec les pays du Tiers Monde. C’est clair que nous croyons que le dialogue est fondamental. Les peuples comme le nôtre luttent pour la paix et non pour la guerre ; pour la coopération économique et non pour l’exploitation, pour la solidarité sociale et non pour l’injustice.

Si l’homme des pays développés est arrivé à la Lune, c’est parce qu’il a été capable de dominer la nature. Le problème est que, même si c’est juste que l’homme mette les pieds sur la Lune, c’est plus juste que les grands pays - pour parler de manière symbolique - posent les pieds sur terre et se rendent compte qu’il y a des millions d’êtres humains qui subissent la faim, qui n’ont pas de travail, qui n’ont pas d’éducation.

C’est pour cela que je pense que l’homme du XXIème siècle doit être un homme avec une conception différente, avec une autre échelle de valeurs, un homme qui ne soit pas essentiellement et fondamentalement motivé par l’argent, un homme qui pense que pour la richesse existe une dimension différente, dans laquelle l’intelligence soit la grande force créatrice.

Je veux vous dire que j’ai confiance dans l’homme, mais dans l’homme humanisé, l’homme fraternel et non pas celui qui vit de l’exploitation des autres.

La tâche qu’a devant soi l’Unité Populaire est d’une telle urgence historique que, si elle ne se réalise pas rapidement, des tensions sociales imparables mèneront le pays au chaos, comme conséquence de la faillite du système. Même un aveugle peut voir les projections et la signification qu’ont eu et ont les grèves du Pouvoir Judiciaire et du régiment Tacna. La flamme de la révolte de la jeunesse ne s’éteindra qu’avec sa présence active et créatrice dans la construction du socialisme.

Si les partis, qui revendiquent pour eux la responsabilité d’avant-garde, ne sont pas capables d’accomplir de manière adéquate et unitaire leur rôle révolutionnaire, surgiront de manière inéluctable la rébellion désespérée ou la dictature comme projection de l’insuffisance chaque fois plus notoire du régime.


Traduction : Nadine BRIATTE, J.C. Cartagena
Notes du traducteur
(1) Front d’Action Populaire - FRAP
(2) Gouvernement d’Unité Populaire