dimanche 16 septembre 2018

L’ASSASSINAT DE LA DÉMOCRATIE CHILIENNE A AUSSI EU LIEU UN 11 SEPTEMBRE


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En ce jour où l’on commémore les attentats terroristes du 11 septembre, le Dr Tomasz Pierscionek se souvient d’une tragédie qui a aussi endeuillé un 11 septembre. À l’occasion de la 17ème commémoration des attentats terroristes du 11 septembre, nous pleurons la mort de près de 3 000 personnes. Les événements qui ont suivi les attentats ont fini par éclipser la tragédie elle-même, et les ondes de choc émises il y a près de deux décennies résonnent encore dans le monde entier.
INTRODUCTION TO CHILE: 
A CARTOON HISTORY
Un rapport publié en 2006 - Tendances du terrorisme mondial : Implications pour les États-Unis - qui réunit les conclusions de 16 agences de renseignement étasuniennes différentes, a conclu que la guerre en Irak a conduit à une augmentation du terrorisme international. Le sentiment d’empathie qui a suivi le 11 septembre a été remplacé, dans certaines parties du monde, par un fort sentiment anti-occidental. Les effets à long terme des conflits qui ont suivi le 11 septembre 2001 se feront sentir lorsque les nombreux orphelins ou enfants psychologiquement marqués par les guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye et ailleurs seront devenus adultes.

De nombreux habitants de la planète se souviennent des événements du 11 septembre, mais ils sont moins nombreux à se rappeler qu’avant 2001, le 11 septembre avait déjà été une journée tragique pour ceux qui habitaient dans les pays moins riches du Sud. Le 11 septembre 1973, la démocratie en Amérique latine a été durement frappée, le gouvernement démocratiquement élu au Chili a été renversé par un coup d’État appuyé par la CIA, rien de moins. La réaction du président chilien, le Dr Salvador Allende, à cette attaque contre la démocratie chilienne a été on ne peut plus différente de celle de George W. Bush 28 ans plus tard. Le président Allende s’est battu jusqu’au bout pour la démocratie de son pays.

En tant que candidat de l’Unidad Popular (une coalition de partis de gauche), Allende a été élu président en 1970. Conformément à ses idéaux de socialiste et de démocrate, il a rapidement commencé à restructurer l’économie chilienne au profit de la majorité pauvre du pays. Il a nationalisé les mines de cuivre chiliennes rentables appartenant aux États-Unis, alloué des terres aux paysans sans terre, augmenté les salaires des plus pauvres et tenté de créer une société plus juste. Ce programme audacieux a rapidement mis Allende en conflit à la fois avec la classe aisée du Chili et le gouvernement américain.

Les États-Unis ont soutenu un coup d’État mené par le général Augusto Pinochet, chef des forces armées chiliennes. Le 11 septembre 1973, les événements ont atteint leur paroxysme lorsque les forces de Pinochet ont attaqué la capitale du Chili, Santiago.

Les événements de cette tragédie du 11 septembre sont soigneusement documentés dans le livre Chili : L’Autre 11 septembre, qui décrit heure par heure la journée tragique d’Allende depuis sa course précipitée dans les rues de Santiago pour rejoindre le Palais présidentiel de La Moneda, tôt ce matin-là, après avoir entendu parler d’un coup d’État, jusqu’à son dernier combat dans le palais. Allende et quelques dizaines de ses compagnons ont combattu jusqu’au bout, alors que le palais présidentiel était attaqué par des avions de chasse, des tanks et des troupes fidèles à Pinochet. Le président Allende a brièvement négocié avec les forces belligérantes pour qu’un certain nombre de membres de son gouvernement, de journalistes et d’autres personnes, dont sa fille Isabel, puissent sortir en toute sécurité du bâtiment. Allende lui-même a choisi de rester dans le palais. Quand on lui a offert de le laisser partir à condition qu’il s’exile immédiatement, Allende aurait répondu : ’Je ne traite pas avec les traîtres, et vous, général Pinochet, vous êtes un traître’.

Le président Allende, qui se considérait comme le premier travailleur chilien et le gardien du pays, a décidé de lutter pour la démocratie chilienne jusqu’à la toute dernière seconde de sa vie. Après des heures de combat, il a choisi le suicide plutôt que la reddition. Pendant des heures, Allende et trois douzaines de compagnons ont combattu les forces de Pinochet pendant que la Moneda et la démocratie chilienne s’effondraient dans les flammes autour d’eux. Au cours de ses trois années de présidence, Allende a respecté le droit constitutionnel et, contrairement à certains dirigeants ’socialistes’, il n’a pris aucune mesure de répression contre ses opposants. Jusqu’à la toute fin, Mme Allende est demeurée une combattante passionnée de la démocratie. Ce qui avait commencé des années auparavant comme une lutte politique ardente contre les ennemis de la classe ouvrière chilienne s’est achevé par une lutte armée pour la vie ou la mort contre le fascisme, l’ennemi de tous.

Plus de 3 000 personnes ont perdu la vie dans la répression et les exécutions sommaires qui ont suivi le coup d’État de 1973. Pendant les 17 années de dictature de Pinochet, environ 40 000 personnes ont été emprisonnées et torturées.

Peu avant sa mort, Allende a prononcé un dernier discours qui a été diffusé depuis La Moneda :
’Travailleurs de mon pays, je crois au Chili et en son destin. D’autres hommes surmonteront ce moment sombre et amer où la trahison cherche à l’emporter. Allez de l’avant en sachant que, tôt ou tard, de grandes avenues s’ouvriront à nouveau et que les hommes libres les emprunteront pour construire une société meilleure.’
’Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vive les travailleurs !’
’Ce sont mes dernières paroles, et je suis certain que mon sacrifice ne sera pas vain, je suis certain qu’à tout le moins, ce sera une leçon morale à l’aune de laquelle le crime, la lâcheté et la trahison seront jugés.’
Est-ce qu’un dirigeant européen ou nord-américain se battrait aussi courageusement pour la démocratie ? Est-ce qu’un seul aurait même le courage d’honorer ses propres idéaux bellicistes en allant sur la ligne de front de la soi-disant ’guerre contre le terrorisme’ ?

Le sombre héritage de Pinochet pèse encore lourdement sur le Chili, et ce n’est qu’une pierre parmi toutes celles qui composent la mosaïque des dictatures militaires issues des coups d’État commandités par la CIA en Amérique Latine. Les gouvernements démocratiques ont été balayés par des régimes de droite brutaux qui se conformaient au modèle économique néolibéral d’extrême droite adopté par la ‘Chicago School’, très proche de l’idéologue du libre marché Milton Friedman.

Il y a quelques jours, 45 ans après le coup d’Etat de 1973, une marche a eu lieu dans la capitale chilienne, Santiago, pour commémorer les victimes du régime de Pinochet qui a duré 17 ans. Certains manifestants portaient des photographies d’individus que l’appareil de sécurité de l’ancien dictateur avait fait disparaître. Près d’un demi-siècle plus tard, de nombreuses familles chiliennes ne savent toujours pas ce qui est arrivé à leurs proches, ni où ils sont enterrés, et cela les hante. On a toujours pas retrouvé la trace de plus de1 000 ‘disparus’ du régime de Pinochet. Une poignée d’anciens agents des services de renseignement, ayant servi dans différents services de l’armée, ont été arrêtés ou inculpés de crimes commis à l’époque de Pinochet, mais d’autres ont sans aucun doute échappé à la justice et d’autres encore ont été graciés ou libérés rapidement, ce qui a suscité l’indignation des personnes en quête de vérité et de justice.

Pinochet lui-même a échappé à la justice et n’a ’subi’ que 16 mois d’assignation à résidence dans un manoir londonien, tout en recevant le soutien moral de son amie Margaret Thatcher, avant de retourner au Chili où il a vécu ses dernières années dans le confort et est mort sans avoir été condamné pour aucun crime. Pinochet a été le parfait exemple de dictateur célébré par les puissances occidentales, un dictateur dont les atrocités sont passées sous silence tant qu’il sacrifie sa nation sur l’autel du capitalisme de libre marché.

Tomasz Pierscionek

Tomasz Pierscionek est médecin psychiatre. Il a été membre du conseil d’administration de l’association caritative Medact, rédacteur en chef du London Progressive Journal et a été l’invité de Sputnik, de RT et de Kalima Horra d’Al-Mayadeen.

vendredi 14 septembre 2018

CHILI, 11 SEPTEMBRE 1973 : L’INGÉRENCE DES ÉTATS-UNIS, OU LA CHUTE D’UN ÉTAT DÉMOCRATIQUE


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DES POMPIERS ET DE MILITAIRES RETIRENT DANS UNE CIVIÈRE 
LE CORPS SANS VIE DU PRÉSIDENT ALLENDE LE 11 SEPTEMBRE 1973
Il y a 45 ans, le président socialiste chilien Salvador Allende était renversé par le général des armées, Augusto Pinochet, appuyé par la CIA. La violence s’empare alors du pays tandis que la démocratie s’en échappe.
par PAULINE LAMMERANT
DESSIN 
HERVÉ BAUDRY 
Le 11 septembre 1973 au matin, le président Salvador Allende est réveillé à l’aube, invité à quitter le pays sans tarder. Alerté du complot qui se dessine, il choisit pourtant de rejoindre le palais de la Moneda, siège de la présidence à Santiago. Une “simple” mutinerie dans la marine pensait-on. Seulement, les forces armées et celles de la police assiègent rapidement les lieux. Dix-huit jours avant, le Président avait nommé le général Pinochet au commandement suprême des armées. Sur place, Salvador Allende, sûr de la loyauté de son homme, se confie à son attaché de presse présent à ses côtés : “Pauvre Pinochet, à l’heure qu’il est il doit être en prison” (témoignage issu d’un documentaire produit et diffusé par France 3 en 1998, Le dernier combat de Salvador Allende). C’est en fait de lui que vient la trahison, et de trois des hauts dirigeants des forces armées. Mais le Président le découvrira bien assez vite, alors que le général fait une déclaration à la radio au nom de l’armée chilienne : il accuse le président d’être responsable du chaos régnant au Chili et exige de ce dernier sa démission et son départ du pays.

Le palais de la Moneda en feu

Pinochet réclame une reddition inconditionnelle sans pourparlers, alors que ses blindés encerclent le palais. Le Président y est alors reclu avec une vingtaine de ses conseillers et membres de la sécurité. Au commandant de l’air qui viendra lui offrir une dernière chance de partir, le colonel Roberto Sanchez, le président Allende répondra : “remerciez votre institution, mais je ne quitterai pas le pays, et s’ils tentent de me déloger, je me suiciderai” (témoignage issu d’un documentaire produit et diffusé par France 3 en 1998, “Le dernier combat de Salvador Allende”). Le président croyait à un piège et il avait vu juste, comme l’ont révélé les interceptions radiophoniques. Alors que les vitres sont criblées de balles, que les bombardiers grondent et que le palais prend feu, le Président tiendra quelques heures avant que ses collaborateurs ne se rendent finalement. Le corps de Salvador Allende sera retrouvé sans vie, sa menace passée à exécution.
“Je ne quitterai pas le pays, et s’ils tentent de me déloger, je me suiciderai.”
L’ingérence des USA, la ruse de la CIA

Salvador Allende était prêt au sacrifice ultime pour empêcher les ennemis de la démocratie de s’emparer du gouvernement et de la place qu’il avait tant eu de mal à obtenir. Le socialiste s’était en effet présenté une première fois aux élections présidentielles en 1964 contre Eduardo Frei Montalva du parti démocrate chrétien. En pleine guerre froide, les États-Unis en difficulté avec le Vietnam craignaient l’expansion du marxisme en Amérique du Sud. Les Américains ont su trouver le soutien de la droite chilienne et du parti démocrate chrétien. Nixon, alors au pouvoir, alloue un budget de près de 3 millions de dollars à la CIA afin qu’elle finance secrètement la propagande pour l’adversaire d’Allende et soudoie ses alliés. Si leur stratégie s’est révélée payante en 1964, Salvador Allende persiste en 1970 et obtient la majorité relative nécessaire à sa victoire.

La force contre les votes

Son parti, la Unidad Popular, et précisément son gouvernement, ambitionne d’instaurer une politique sociale, légale et sans violence. Il fait notamment nationaliser les mines de cuivres exploitées par les États-Unis. Nixon, furieux, met en place un blocus informel contre le Chili. La CIA sous ses ordres finance la grève de camionneurs et de commerçants notamment. Le pays se paralyse, l’inflation grimpe en flèche, le Chili est au bord de l’implosion. Mais même dans ce contexte, les citoyens font confiance au Président et le prouvent dans les urnes pour les élections législatives. Les USA et leurs alliés ont dès lors compris qu’il serait impossible de l’évincer par la voie officielle et démocratique et choisissent de faire appel à la force. Encouragés, les militaires jusque là neutres prennent parti. Le Président avait pourtant confié à son général Augusto Pinochet qu’il comptait annoncer le 10 septembre un référendum pour recueillir l’avis du peuple sur sa politique ; il s’engagerait à démissionner en cas de défaite. Le général l’a convaincu de reporter cette annonce au 11 septembre, sachant qu’il n’en aurait jamais l’occasion ; aucune chance laissée au processus démocratique.

Salvador Allende, martyr de la démocratie
“Sachez que beaucoup plus tôt que prévu vous ouvrirez les larges avenues par où passera l’homme qui construira une société meilleure.”
Dès la fin du siège du palais, le général Pinochet prend le pouvoir. Alors que sa position se devait temporaire elle devient permanente, à la surprise de la droite et du parti démocrate chrétien. Entouré de sa junte, il entreprend une série d’exactions contre communistes, socialistes, et toutes les formes d’expression, d’art et de liberté sont réduites au silence ; les industries du cinéma, de la musique et la presse s’écroulent. On estime que sous sa dictature, 3200 chiliens perdirent la vie, 38000 furent torturés et près d’un million ont été expulsés ou se sont exilés hors du pays. La dictature militaire d’Augusto Pinochet s’arrêta le 11 mars 1990, à la suite du référendum de 1988 et de nombreuses condamnations internationales des violations des droits de l’homme perpétrées au Chili.

Dans la matinée du 11 septembre 1973, le président Salvador Allende est parvenu plusieurs fois à communiquer avec le peuple chilien par l’intermédiaire d’une des dernières radios qui émettait encore, la radio Magallanes. Grand orateur, ses mots raisonnent encore pour beaucoup de chiliens ; Salvador Allende, martyr de la démocratie. Jusqu’à la fin, avec une voix calme et sereine, alors même qu’on peut supposer qu’il connaissait l’issue probable de cette journée, il renouvelle son dévouement à son peuple et réaffirme les valeurs de la démocratie en laquelle il croyait tant :  “J’ai confiance en le Chili et en son destin, d’autres hommes viendront et surmonteront ce moment, gris et amer, où la trahison prétend s’imposer. Sachez que beaucoup plus tôt que prévu vous ouvrirez les larges avenues par où passera l’homme qui construira une société meilleure”.

TAGS : 11 SEPTEMBRE, AUGUSTO PINOCHET, CHILI, DICTATURE MILITAIRE, SALVADOR ALLENDE

LA MORT D'UN PRÉSIDENT QUI VIT


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SALVADOR ALLENDE ET LE GÉNÉRAL CARLOS PRATS
« Un gigantesque nuage noir s'élève au-dessus du palais en feu. Le président Allende meurt à son poste. Les militaires tuent des milliers de personnes dans tout le Chili. (...) Mme Pinochet déclare que les pleurs des mères assureront la rédemption du pays. Le pouvoir, tout le pouvoir est occupé par une Junte militaire de quatre membres, formée à l'École des Amériques au Panama. Ils sont dirigés par le général Augusto Pinochet. »
Ces lignes de Galeano décrivent ce qui s'est passé le 11 septembre 1973, l'une des dates les plus profondément gravées dans l'histoire du Chili et de Notre Amérique. Ce jour-là, après plusieurs heures de siège et de bombardements au Palais présidentiel de La Moneda, le président chilien Salvador Allende est mort sous le feu des putschistes.

Comment Allende est-il mort ? Il s’est suicidé, déclarait la Junte militaire le lendemain, le 12 septembre 1973.

Comme une « figure glorieuse.... criblée et déchirée par les balles des mitrailleuses des soldats chiliens », écrit Pablo Neruda le 14 septembre sur son lit de mort.

« Sous les balles ennemies comme un soldat de la Révolution », déclara sa veuve Hortensia Bussi, quatre jours plus tard au Mexique.

Si le Président est mort aux mains de l'armée putschiste dirigée par Pinochet ou s’il s'est ôté la vie plutôt que de se rendre au Palais de la Moneda à Santiago du Chili, le 13 septembre 1973, les balles qui l'ont tué – d'où qu'elles viennent – ont perpétré l’un des crimes les plus abominables de l'histoire de l'Amérique latine.

On a fait le silence autour de son assassinat ; on l'a inhumé en cachette et seule sa veuve a été autorisée à accompagner son cadavre immortel. On raconte que cet homme courageux et digne a résisté pendant six heures avec un fusil que lui avait offert le chef de la Révolution cubaine, Fidel Castro, et que c'était la première arme à feu que Salvador Allende ait jamais utilisée.

Aujourd'hui, 45 ans se sont écoulés depuis la mort d'Allende. Cette nuit-là, les forces putschistes remirent un bref rapport au général Augusto Pinochet: « Mission accomplie. Moneda prise, président mort.» L'Unité Populaire et son président furent annihilés, ouvrant la voie à 17 ans de dictature militaire.

Leader de la gauche politique chilienne, Salvador Allende remporta les élections en 1970, menant une politique intense de nationalisation du secteur minier et industriel. Au milieu de la crise économique, en 1973, il réédita sa victoire électorale, ce qui finit par provoquer l'intervention violente de l'armée dans la vie politique du pays.

Au cours de sa première année de mandat, 47 entreprises industrielles et plus de la moitié du système de crédit furent nationalisées. Sa réforme agraire permit d’exproprier et d’intégrer à la propriété sociale quelque 2 400 000 hectares de terres productives.

Salvador Allende fut le premier homme politique chilien d’orientation marxiste en Occident, qui accéda au pouvoir à l’issue d’élections générales dans un État de Droit.

« La contradiction la plus dramatique de sa vie fut d’être un farouche ennemi de la violence, tout en étant un révolutionnaire passionné. Il pensait d’ailleurs avoir résolu le dilemme par l’hypothèse selon laquelle les conditions du Chili permettaient une évolution pacifique vers le socialisme, dans le cadre de la légalité bourgeoise », se souvenait Garcia Marquez dans sa chronique La véritable mort d’un Président.

Tels furent, en somme, ses vrais crimes, ceux que l'impérialisme et l'extrême droite le plus réactionnaire du Chili et de la région ne pouvaient pardonner au leader charismatique transformé en un peuple, en une majorité.

LA PLUS CONVENTIONNELLE DES GUERRES

Un coup d'État, morts, un coup de griffe à la démocratie, une menace à la souveraineté, un gouvernement servile, fantoche, un peuple qui souffre... tout cela arriva au Chili il y a plus de quarante ans. Et aujourd'hui, sommes-nous de plus en plus aux portes de ces menaces ?

La réalité est plus qu'évidente : des pays progressistes du continent sont victimes de tentatives déstabilisatrices qui cherchent à chauffer les rues, à semer le chaos et le désespoir pour provoquer un coup d’État, ou deux, peu importe.

Les coups d’État doux et la guerre non conventionnelle en Amérique latine apparaissent comme le plan Condor actuel, bien qu'ils ne cherchent pas à s’en prendre à un Chili riche cuivre, mais plutôt à attaquer les consciences, les volontés, à manipuler à coups de mensonges et de duperies.

Dans les documents qui régissent la vie politique des États-Unis, la guerre non conventionnelle (GNC) est définie comme « l'ensemble des activités visant à permettre le développement d'un mouvement de résistance ou d'insurrection, à contraindre, modifier ou renverser un gouvernement, ou à prendre le pouvoir par le biais d'une force de guérilla, auxiliaire et clandestine, dans un territoire ennemi », selon Hugo Morales Karell, docteur en sciences juridiques et chercheur sur des questions liées à la Sécurité nationale.

« Au cours de la dernière décennie, la GNC s'est révélée être la modalité la plus réalisable à utiliser par les États-Unis et leurs alliés pour renverser des gouvernements contraires à leurs intérêts », signale Morales Karell. Il y a eu de nombreuses variantes : prétextes pour générer des manifestations antigouvernementales, en prétextant un mécontentement populaire face à la situation économique, politique et sociale d'un pays, intervention dans les affaires intérieures des pays de la part de pays tiers alléguant une prétendue crise humanitaire ou une violation des droits de l’Homme, jusqu’à l'action présumée d'une opposition interne.

Les exemples sont légion, et certains sont même reconnus et déclarés par les États-Unis dans leurs documents doctrinaux : Albanie et Lettonie (1951-1955) ; Tibet (1955-1970) ; Indonésie (1957-1958) ; Cuba et l'invasion de Playa Giron (avril 1961) ; Laos (1959-1962) ; Nord Vietnam (1961-1964) ; Nicaragua et Honduras (1980-1988) ; Pakistan et Afghanistan (1980-1991) ; Irak (2002-2003).À ces cas avérés on peut ajouter ceux du Venezuela, du Brésil, de la Bolivie, où l'objectif manifeste pour endiguer l'avancée de la gauche progressiste dans la région.

Telles sont les réalités d'aujourd'hui. On ne voit ni les canonnières ni les drones, on n’assiste pas toujours à des largages de bombes ou à des interventions militaires, mais les agressions se poursuivent ; nous assistons à une manipulation très subtile visant obtenir la participation des jeunes, l'utilisation des avantages offerts par les technologies de l'information et des communications et des campagnes médiatiques intenses pour exercer une pression politique et atteindre, comme le professeur Karell l’affirme, « la plus classique des guerres ».

Mais n'en doutons pas, l'empire n’hésitera pas à recourir encore et encore à l'emploi de la force brutale et à l'assassinat cruel de dirigeants comme Allende, chaque fois que cela conviendra à ses intérêts et il ne lésinera pas sur les moyens pour se faire plier et se débarrasser des peuples et des gouvernements qu’il juge « gênants » et osent remettre en cause leur hégémonie. 


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mardi 11 septembre 2018

45ÈME ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE SALVADOR ALLENDE


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 COUVERTURE DE CARL ROODMAN
 TIME  DU 24 SEPTEMBRE 1973
COMMÉMORATION DU 45ÈME ANNIVERSAIREDE LA MORT DE SALVADOR ALLENDE1973 - 11 SEPTEMBRE - 2018
Santiago du Chili, le 11 septembre (PL) Salvador Allende s'est barricadé dans le Palacio de La Moneda sous les bombardements ordonnés par le général Augusto Pinochet, la panique a pris la population et le Chili a changé à jamais.

Prensa Latina
 LE PRÉSIDENT SALVADOR ALLENDE GOSSENS 
C'est le 45ème anniversaire du coup d'État sanglant qui a marqué une rupture profonde dans la société chilienne. Les défenseurs de Pinochet, peut-être dans une moindre mesure, existent et beaucoup occupent des postes politiques importants. 

Les associations de parents de politiciens exécutés et de détenus disparus demandent la fin des pactes de silence de l'armée. Six criminels contre l'humanité ont été libérés sur parole il y a un mois. 

Les appels du gouvernement conservateur actuel à panser les plaies et à rechercher la réconciliation nationale ne se concrétisent pas dans la pratique. 

Aux déclarations très interrogées des membres actuels de l'exécutif, personne n'ignore qu'un ministre a été défenestré en à peine 72 heures par des déclarations abusives dans un passé récent, en qualifiant de " montage " le Musée de la mémoire et des droits de l'homme. 

Le président de la République, Sebastián Piñera, a convoqué ce mardi à une cérémonie œcuménique à La Moneda qui aura en principe tout l'accent religieux des hiérarchies des différentes confessions. 

Il ne fait aucun doute que ses filles et ses proches ne visiteront pas l'établissement qui s'est retrouvé dans le bureau d'Allende. La question est de savoir s'il y aura des discours et dans quelle ligne. 

D'autant plus que quelques instants plus tard, au siège alternatif du Congrès national à Santiago, la Fondation Salvador Allende organise un acte solennel pour commémorer le 45ème anniversaire du coup d'État. 

L'entité est dirigée par la cinéaste Marcia Tambutti Allende, petite-fille de l'ancien gouverneur, et de nombreuses personnalités du centre gauche du Chili participeront à la réunion. 

Aussi, dans le centre d'Alameda O´Higgins, des centaines de personnes se rassembleront à l'entrée de la rue Morandé, où se trouve la porte d'entrée et de sortie d'Allende pendant son mandat présidentiel. 

En outre, le Hall d'honneur de la Maison centrale de l'Université du Chili présentera des titres posthumes et symboliques aux hommes politiques exécutés et aux détenus disparus par l'intermédiaire de leurs familles. arante-cinq ans après le coup d‘état militaire au Chili, la marche en mémoire des victimes du régime de Pinochet s’est achevée par des émeutes devant et à l’intérieur du cimetière principal dans le nord de Santiago. Bilan de cette journée de commémoration toujours tendue : six policiers ont été blessés et 25 manifestants arrêtés.


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lundi 25 juin 2018

BANNIÈRE SAG