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affiche de la campagne électorale 1970 |
Le procureur de la Cour d'appel du Chili, Beatriz Pedrals, a ouvert fin janvier le dossier de la mort du président Allende, parmi les 726 cas de violation des droits humains qui n'ont jamais, jusqu'aujourd'hui, fait l'objet d'aucune procédure légale.Alicia Lira Matus, présidente de l'AFEP (Association des familles des Exécutés Politiques.) explique les étapes qui ont conduit à l'ouverture de l'enquête.
Le rapport de la commission nationale Vérité et réconciliation, mieux connu sous le nom de Rapport Retting, avait conclu, en 1991, que 2279 personnes avaient été tuées sous Pinochet (11 septembre 1973 - 11 mars 1990).
L'année dernière une révision de ce rapport, notamment à propos de la liste des victimes, a été nécessaire, vu l'augmentation du nombre de plaintes présentées par les associations et les familles des victimes.
L'année dernière une révision de ce rapport, notamment à propos de la liste des victimes, a été nécessaire, vu l'augmentation du nombre de plaintes présentées par les associations et les familles des victimes.
Cette révision a révélé que certains cas (plus de mille), n'avaient jamais fait l'objet d'une enquête officielle, d'où la décision de confier une enquête au procureur Pedrals. Parmi les dossiers des victimes : celui du président Salvador Allende Gossens.
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LE PRESIDENT ALLENDE DEPOSE SON VOTE DANS L'URNE LORS DES ELECTIONS PARLEMENTAIRES DE 1973 |
Le putsch militaire du 11 septembre 1973 est toujours présent dans la mémoire du peuple chilien: le palais présidentiel de La Moneda assiégé par l'armée, le refus d'accorder au Président un sauf-conduit pour quitter le pays.
A l'intérieur, Allende s'adresse pour la dernière fois à la nation, sur les ondes de radio Magallanes: « Je peux dire aux travailleurs que je ne renoncerai pas. Dans cette étape historique, je paierai de ma vie ma loyauté au peuple. Je vous dis que j'ai la certitude que la graine que l'on a confiée au peuple chilien ne sera jamais détruite. »
A 14h le corps sans vie du président Allende était retrouvé dans son studio, une balle dans la tête, une mitraillette à la main, cadeau de Fidel Castro, la seule arme qu'il ait jamais utilisée de sa vie.
HYPOTHÈSES
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SALVADOR ALLENDE EN BAIN DE FOULE EN 1972 |
HYPOTHÈSES
Tout au long de ces 37 dernières années les hypothèses sur sa mort ont divisé l'opinion publique. Si la première autopsie avait conclu qu'il s'agissait bien d'un suicide, thèse soutenue, entre autres, par le docteur Arturo Girón, le premier à avoir vu le corps du Président, des doutes ont toujours existé.
Les associations des familles de victimes, les défenseurs des droits de l'homme et la plupart des Chiliens n'ont jamais cru à la thèse officielle, démentie par certains témoignages.
Ceux qui étaient avec lui à La Moneda racontent qu'il a été blessé à mort sur les escaliers du palais présidentiel, après avoir crié « traître » au général Javier Palacios, entré dans le palais avec les soldats putschistes.
On aurait fait passer pour un suicide ce qui serait en fait un homicide politique. Le médecin légiste José Luis Ravanal, il y a tout juste quelques années, a effectué une expertise de l'autopsie réalisée par les généraux putschistes sur le corps d'Allende, concluant qu'il avait été blessé à la tête par deux balles et non pas une, confirmant ainsi la thèse de l'assassinat.
L'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez a publié, le 11 septembre 2003, 30 ans après le Coup d'Etat, un article intitulé « La véritable mort du président », qui soutient la thèse de l'assassinat.
La fille du Président, Isabelle Allende, sénatrice socialiste chilienne, reste convaincue du suicide du père. Selon elle, il ne serait jamais sorti vivant de La Moneda.
La fille du Président, Isabelle Allende, sénatrice socialiste chilienne, reste convaincue du suicide du père. Selon elle, il ne serait jamais sorti vivant de La Moneda.
Mais l'enquête du procureur permettra de montrer une réalité plus grande, l'expérience de la violence politique par toute une génération. Les Chiliens se souviendront toujours de Londres 38, le Centre de torture installé au cœur de la ville de Santiago, ainsi que d'autres centres, tels Villa Grimaldi et la Colonia Dignidad, ce dernier dirigé par un ancien nazi.
La répression, organisée par le service de renseignement national qui, avec la complaisance de Kissinger, s'est occupé de l'élimination des dissidents politique en Amérique Latine, a entraîné, en 17 ans de dictature, la torture de plus de 30 000 personnes, la disparition ou l'assassinat de 3000 opposants politiques et l'exil politique d'un demi-million de personnes.
L'ancien dictateur Pinochet est mort en 2006, sans avoir été jugé pour ces crimes. Au Chili, seulement une trentaine d'anciens militaires ont été condamnés et peu sont incarcérés.
A l'étranger, ces crimes ont connu un plus large écho et des enquêtes plus vastes. Après l'Espagne et l'Italie, la France a jugé et condamné des responsables de la police secrète, la DINA.
Le procès qui s'est conclu à Paris le 17 décembre 2010 a abouti à la condamnation à perpétuité de Manuel Contreras, l'ex-numéro un de la Dina (condamné déjà au Chili à 400 ans de prison) et d'Octavio Espinoza, responsable des tortures à Villa Grimaldi.
Poursuivis devant la justice française pour la mort de quatre franco-chiliens, dont les corps n'ont été jamais retrouvés, les autres onze inculpés ont été condamnés à des peines de 15 à 30 ans.
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LE PRESIDENT ALLENDE PARTICIPE D'UN CHANTIER, années 1970. PHOTO magazine américain LIFE
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« Les procès en France et en Italie ont montré la voie »
Entretien avec Alicia Lira Matus, présidente de l'AFEP (Association des familles des Exécutés Politiques.)
Témoignage chrétien (TC) : Pourquoi une enquête sur la mort de Salvador Allende est-elle ouverte aujourd'hui seulement ?
Alicia Lira Matus : Parce que notre association a confié à Sergio Muñoz (juge chilien, membre de la Court suprême de justice) notre préoccupation à propos du fait que, parmi les deux mille victimes d'assassinats politiques reconnues par le Rapport Retting, de nombreux cas, parmi lesquels celui du président Allende, n'ont pas été l'objet d'enquête judiciaire. On a fait ouvrir 357 enquêtes l'année dernière, cela a nécessité deux ans de travail.
Il existe deux thèses à propos de la mort d'Allende : le suicide, soutenu notamment par sa fille, et l'assassinat politique, défendu par des témoins. Notre position est celle de l'homicide. Il faut préciser qu'au Chili, chaque cas de décès par suicide prévoit une enquête : cela n'a pas été le cas pour la mort d'Allende.
TC : Quel est l'intérêt, pour le peuple chilien, de découvrir les causes de la mort d'Allende?
TC : Quel est l'intérêt, pour le peuple chilien, de découvrir les causes de la mort d'Allende?
Nous pensons qu'il est de notre devoir d'enquêter sur sa mort, on lui doit ça. Quel que soit le résultat, cela ne changera en rien la valeur de sa personne et de sa politique.
TC : Que pensez-vous des procès qui ont eu lieu à l'étranger, en France notamment, et qui ont permis de condamner d'anciens responsables de la dictature ?
TC : Que pensez-vous des procès qui ont eu lieu à l'étranger, en France notamment, et qui ont permis de condamner d'anciens responsables de la dictature ?
Les procès qui ont eu lieu en France et en Italie dernièrement ont été très encourageants pour les familles de victimes, ils indiquent la voie que pourrait suivre le Chili. Certains jugent chiliens restent favorables à une amnistie pour ces anciens tortionnaires responsables de crimes contre l'humanité.
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